Fin d'après-midi hier, rencontre inattendue avec un membre de l'exécutif municipal grenoblois centre ville alors que je me rendais à un rendez-vous pour la composition de mon équipe. Au début, un salut rapide de ma part mais une volonté manifeste de l'intéressé de se "confier". Le "torchon brûle" entre les politiques sortants et les journalistes suite à la polémique très vive qui a accompagné la déclaration lundi soir d'un membre de la majorité municipale sur l'ensemble de la profession de journaliste. Une déclaration déplacée, grave, scandaleuse mais qui semble pourtant solidariser l'équipe sortante. Et l'intéressé, manifestement encore très excité, évoque des liens qui feraient de tels ou tels des "obligés" de faire ou de ne pas faire. Du jamais entendu à ce point.
J'ai plutôt une vision glauque de la politique locale des dernières années. Mais si ces "confidences" sont justes, c'est bien au-delà de ce que je pouvais imaginer de l'extérieur et probablement d'ailleurs du jamais connu.
A l'info stratégie aurait succédé
une "cash stratégie" : aides publicitaires, coups de pistons … : du sur-mesure permanent.
Cette ambiance montre l'usure de la majorité sortante qui donne manifestement le sentiment d'être à bout de nerfs. C'est un système de pouvoirs qui s'expose à la panique.
Il faut tourner la page de ce passé qui semble scotcher à de mauvaises pratiques et il faut rompre toute suspicion de "culture des obligés". Cette rupture passe par 4 mesures pratiques :
1) chaque pouvoir local doit prendre de la distance avec l'autre pour respecter l'esprit démocratique et républicain de la séparation des pouvoirs,
2) la collectivité publique doit être garante de règles publiques, connues de tous, transparentes,
3) les médias traditionnels doivent compter sur une charte pluri-annuelle des valeurs définissant les contributions financières publiques dans un cadre garant de leur plus totale impartialité. Pourquoi l'agglomération va mal ? Parce qu'elle a perdu la valeur de principes qui sont des fondamentaux. Il y a progressivement une culture du clientélisme qui s'est banalisée qui est d'une extrême gravité. L'opposition sortante a aussi une lourde responsabilité dans ce système qu'elle n'a pas dénoncé, voire même sur plusieurs dossiers qu'elle a manifestement cautionné,
4) C'est tout le budget de communication des collectivités publiques qui doit être révisé dans son montant comme dans ses modalités de règlements.
Ce doit être un budget d'information et non pas un budget d'influences.
La communication de la collectivité doit résider dans les actes et non pas dans la propagande. C'est la vraie rupture culturelle majeure.
Etre critique en démocratie c'est renforcer la démocratie. C'est l'aiguillon de la concurrence. Il faut une opposition forte, vive, porteuse de projets qui sont en contrastes. Il faut une équipe pluraliste de gestion qui représente la diversité de la société. Il faut des pouvoirs extérieurs forts, indépendants, respectés, considérés.
Au sein de ces pouvoirs extérieurs, celui d'informer doit compter sur la fin du parasitisme public que constitue les dépensières brochures ou magazines publics.
Ce budget doit être alloué aux supports professionnels pour effectuer une information civique professionnelle donc susceptible d'être lue, écoutée, vue.
La collectivité publique doit se contenter d'une information numérique de service public.
Chaque fois qu'un pouvoir local ne respecte pas ces repères de bonne séparation des pouvoirs, il tombe dans des ornières qui peuvent conduire au pire.
C'est peut-être ce qui vient de débuter pour le système politique sortant quand on constate l'actuelle nervosité ambiante.
DB
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