Denis Bonzy

Grenoble Villeneuve : Jérôme Safar et la crise de nerfs révélatrice

Depuis plusieurs semaines déjà dans des rédactions parisiennes, il était question de ce reportage. Quels bruits circulaient ? L'équipe de France 2 a été saisie par "la mise sous coupes" dans le quartier renvoyant à des "climats de quartiers en guerre". Plusieurs membres de cette équipe semblent avoir retrouvé un "climat" qu'ils n'avaient connu que sur des terrains extérieurs de combats. Cette impression a impacté très probablement la ligne rédactionnelle.

Trois questions méritent une attention particulière :

1) Des faits évoqués sont-ils faux ? Le reportage est manifestement "déséquilibré". C'est le parti pris rédactionnel qui n'est pas de nuancer mais de montrer jusqu'où la violence peut aller. Si des faits sont faux, les réactions se justifient. Si aucun des faits n'est faux, les réactions sur le reportage sont "hors sujet" puisque le parti pris des journalistes est celui de la présentation des seules nouvelles frontières de la violence.
Opposition molle

2) La Villeneuve porte-t-elle atteinte à l'image de Grenoble ? L'image de Grenoble et de l'agglomération n'ont pas eu besoin d'attendre le reportage de France 2 pour être gravement altérées. Quand TF1 fait son dimanche soir sur la prostitution Avenue Alsace Lorraine, quand le braquage de la Place Ste Claire bat des records nationaux d'audience sur Youtube, quand Paris Match met Grenoble capitale des violences urbaines après le drame de la Place Grenette … : tous ces faits ont déjà changé l'image de Grenoble à l'extérieur de Grenoble.

3) Maintenant ce qui compte, ce sont les solutions. Il ne s'agit pas de casser le thermomètre mais de soigner les maux. Les solutions passent par des changement radicaux. Comment serait-il possible de régler les problèmes avec ceux qui n'ont pas su le faire depuis 18 ans ? Il faut aller à la racine des difficultés : chômage de masse, laxisme, insuffisance de la présence de services publics de proximité, conception urbanistique à revoir, réponses individualisées à des marginalisations croissantes qui livrent inéluctablement à la délinquance, renforcement des moyens des éducateurs, contrats d'objectifs … Il faut sortir de l'image pour s'occuper des réalités. Il faut sortir d'une forme de terrorisme intellectuel pour poser les vraies questions donc s'ouvrir aux bonnes réponses.

Ce n'est pas la question du "niveau de la température" qui compte mais de faire tomber toute la température à la Villeneuve comme dans l'ensemble de l'agglomération grenobloise.

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