"La décadence est la vacance des idéaux, le moment où s'installe le dégoût de tout" : cette définition de Cioran est l'une des nombreuses formules d'un ouvrage très iconoclaste datant de 1941.
Le succès de l'été : "un été avec Montaigne" : probablement plus de
100 000 ventes pour découvrir le plaisir de vivre grâce à des observations datant de … 1580. 170 pages qui ne payent pas de mine, sans le moindre lancement publicitaire en dehors du plus efficace moyen de communication : le bouche à oreille.
Pour le "retour aux sources", il y a un autre ouvrage qui mérite l'attention : De la France par Cioran paru aux éditions L'Herne.
Il date de 1941 et la quasi-totalité des maux actuels y sont décrits avec une lucidité implacable :
"les Français ne veulent plus ni croire ni animer. Ils ne veulent plus croire de peur d'être ridicules. La décadence est le contraire de l'époque de grandeur : c'est la retransformation des mythes en concepts. Un peuple entier devant des catégories vides et qui esquisse une vague aspiration, dirigée vers son vide spirituel. La crise est structurelle, mortelle.
… Les français sont usés. Ils ne s'aiment plus, parce qu'ils sentent qu'ils ont trop été. …
Un pays tout entier qui ne croit plus en rien, quel spectacle dégradant.
… "
Là aussi, la lucidité est implacable.
Il n'est d'ailleurs peut-être pas incohérent que ce diagnostic date d'une période où la France a été aussi éloignée de son Histoire. L'échec de la collaboration lors de la seconde guerre mondiale n'a-t-il pas été la période fondatrice d'un mal être collectif qui, progressivement, a atteint une forme de nullité et d'abandon collectif qui marquent la présente période ?
Une nation qui s'adonne à Montaigne et qui demain réflechirait à Cioran, cela ne peut pas ne pas avoir de conséquences politiques. S'il y a un point où les marxistes ont en effet eu raison, c'est que la culture a toujours devancé la politique.
Le hit parade des livres vaut peut-être tous les pollaroïds éphémères des sondages …
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