Pendant combien de temps encore la France restera-t-elle un pays qui semble vivre au rythme d’une alternance « soumission /
explosion » ? Un pays qui se berce du mot "changement" mais qui est terriblement … conservateur. Une
mentalité collective conservatrice qui parle beaucoup du changement mais qui
s’en écarte rapidement car peu désireuse d’en accepter les remises en
question.
Dés 1969,
date du discours de Jacques Chaban Delmas à la tribune de l’Assemblée
Nationale, le terme de « société bloquée » a été officiellement
utilisé pour exprimer les nombreux blocages.
Plus de 40 ans plus tard, ce constat demeure d’actualité.
Ce constat désigne une société qui reste immobile alors même qu’elle
devrait bouger. La notion de société bloquée s’oppose à celle de société qui progresse.
Cet immobilisme n’est pas nécessairement coupable en soi. Il ne le devient
que dans la mesure où la société n’évolue pas alors même qu’elle le devrait.
Il est exact
que la société française porte en elle de nombreux facteurs de conservatisme.
Le poids
excessif de l’Etat est accentué par sa capacité à tout réglementer, par l’état
d’esprit de méfiance qui demeure le sien de façon dominante.
L’économie
se renouvelle peu. Elle comprend toujours en son sein des secteurs
manifestement archaïques.
Bien
davantage, les mentalités sont hostiles au changement. Chaque composante est
d’abord attachée à ses privilèges. L’égalitarisme et le nivellement
ont probablement plus de défenseurs que l’innovation et la liberté.
Cette
tradition de blocage est aujourd’hui plus grave que jamais parce que le
changement est désormais inéluctable.
Il n’y a
plus de société nationale en raison de la mondialisation des échanges. Il est
utopique de penser ou laisser croire qu’un pays pourrait constituer un îlot de
développement économique à l’abri des caractéristiques connues par ses voisins
notamment.
L’Etat n’a plus les moyens d’assurer sa fonction protectrice dans des
conditions comparables à celles du siècle précédent.
Par conséquent, qu’elle le veuille ou non, la France est condamnée au
changement.
Ce changement inéluctable passe d’abord par une évolution des mentalités.
Au lieu de tout fonder sur la méfiance, il nous faut initier une mentalité de
confiance et d’innovation.
Cette
évolution passe par deux réformes majeures. D’une part, il est indispensable de
moderniser nos lois de décentralisation. La décentralisation ne doit plus être
seulement l’affirmation de pouvoirs locaux face à l’Etat mais ce doit être
l’affirmation de vrais pouvoirs locaux
avec des contre-pouvoirs locaux capables de s’opposer à la toute puissance de
collectivités locales qui ont été contaminées par les maux de l’Etat et
les ont transposés à un pouvoir de proximité. C’est surtout une décentralisation qui accepte que des
différences significatives puissent exister à l’intérieur du territoire
national.
D’autre
part, il importe de ré-impliquer les citoyens dans le circuit du pouvoir. Le
civisme ne peut se réduire à la participation électorale. C’est donc une
nouvelle gamme de vie citoyenne participative qu’il faut promouvoir depuis le
référendum local jusqu’à l’émergence de vrais conseils de quartiers dans les
grandes villes en passant par la redéfinition des conditions d’information
locale afin que celle-ci soit réellement garante de la transparence indispensable.
Il n’est
plus possible de seulement parler de "changement".
Il
est temps de les faire.
C'est l'un des tests majeurs des municipales quand les pouvoirs sortants PS sont devenus des caricatures de notables conservateurs "blanchis" (sauf teintures de plus en plus nombreuses … ) sous le harnais des palais locaux.
Denis Bonzy
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