Demain mercredi un nouveau media nait dans l'agglo : Place Gre'Net. C'est toujours un moment important quand un support d'informations s'ajoute aux actuels.
C'est un moment d'autant plus important que cette naissance intervient à une période particulière marquée par la fragilisation généralisée des supports traditionnels et l'explosion des supports numériques, lieux où désormais il y aurait presque tant de journalistes que de citoyens.
En ce qui me concerne, il y a 5 marqueurs techniques que je vais observer avec intérêt :
1) Le rythme de l'information par ce support exclusivement numérique : ils ont effectué un choix nécessaire : ne vivre que l'information par Internet. Pour les supports classiques ayant vécu d'abord sur le papier, le rapport à Internet est difficile car ils ont le sentiment qu'Internet vampirise leur métier classique. Donc ils ont du mal à assumer tout Internet qui, par définition, est un support merveilleux pour l'information puisqu'il est possible à la fois de lire, d'écouter et de voir.
Mais Internet impose un rythme, une réactivité spécifiques comme le montrent les expériences étrangères réussies. Y aura-t-il localement assez de matière pour supporter ce rythme ?
2) La relation avec les supports traditionnels : reconnaîtront-ils la "différence" ou chercheront-ils à "nier la différence" c'est à dire à faire comme si le "concurrent" n'existait pas une fois la naissance saluée ? Sur le plan national, le marché est tel qu'il y a des compatibilités possibles avec des rebonds entre les médias. Est-ce possible sur le plan local ? Les supports classiques considèreront-ils que parler de Place Gre'Net c'est d'abord faire la pub pour un concurrent ou chercheront-ils à créer des synergies ?
3) Le business model et la relation à moyen terme entre les recettes des abonnements et les recettes publicitaires : là encore, la relation n'est pas neutre. Sur le plan national, à part quelques exceptions, la relation entre contenu éditorial et annonces publicitaires est assez lointaine. Sur le plan local, la réalité est très différente. Dans l'agglo, L'Objectif, Infos Semaine … avaient été confrontés à cette "réalité locale" où la proximité devient un "marqueur" redoutable. Si les abonnements assurent l'équilibre, la liberté éditoriale y gagnera. Si ce n'est pas le cas, les choix deviendront plus difficiles.
4) Quel peut être le contenu concret de la "différence" ? Ce concept de "différence" est actuellement le concept porteur en vie publique en général parce qu'il correspond à l'insatisfaction généralisée face aux pratiques actuelles. Mais une fois le concept énoncé, quel peut être son contenu concret ? Bien davantage, les citoyens qui attendent de la "différence" pensent-ils qu'elle soit possible ? C'est une question à laquelle nous sommes actuellement confrontés dans la pré-campagne électorale.
5) Quel espace peut exister pour un journalisme qui ne soit pas d'opinion ? Je suis actuellement très surpris par la décrédibilisation accélérée généralisée des "acteurs" classiques de la vie publique française. Les "politiques sont tous pourris", les médias deviennent les "merdias" … : le citoyen accepte l'information qu'il souhaite entendre, lire ou voir mais récuse tout ce qui peut contrarier ce qu'il ne veut pas entendre, lire ou voir : c'est la théorie du complot qui voit alors le jour. Dans ce contexte, comment gagner en crédibilité ?
Voilà les 5 éléments qui me semblent intéressants à observer en souhaitant bonne chance à cette équipe qui engage une aventure passionnante dans un contexte difficile donc en témoignant un courage certain.
Denis Bonzy
Denis Bonzy 
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