A chaque opinion ses printemps. L'an dernier, la Province de Québec connaissait son printemps érable : nouvelles élections, nouveau pouvoir, nouvelles priorités. Les messages de cette Province étaient entendus bien au-delà. Un parti entendait la fronde populaire et changeait son leader fédéral pour répondre aux demandes de l'opinion. Aujourd'hui, le parti en question mène dans les sondages avec 7 points d'avance selon une enquête effectuée entre le 18 et le 28 avril 2013.
A l'opposé de tels mouvements, la société française est figée dans la détérioration généralisée.
Les affaires se multiplient sans suite concrète si ce n'est
le décrochage total de l'opinion.
Sur le fond, les dernières années resteront probablement dans l'histoire comme une accélération inédite des affaires : DSK, Cahuzac, Lagarde, Tapie, Guéant, Alliot-Marie …
Elles deviennent tellement nombreuses qu'elles s'effacent les unes les autres dans la mémoire de l'opinion.
Hier l'Ifop publiait une enquête :
– 60 % des sondés considèrent que les "juges ne font pas leur travail face aux responsables publics",
– 70 % que la classe politique française est corrompue,
– l'affaire Cahuzac a battu le record historique de la poussée des mauvaises opinions en 30 jours : + 52 % parce qu'elle cumulait faute morale et un cynisme inédit sur le mensonge poussé à son extrême.
L'économie française s'enfonce dans les incohérences (DailyMotion), les mauvais résultats et les records de chômage.
La guerre au Mali se déroule dans l'indifférence progressive : l'état des pertes se fond au milieu des bulletins météos qui, eux , font la "une" parce que la pluie occupe tous les esprits. Quant au prix réel cumulé de cette guerre, il est "secret défense" au moment où l'Etat reconnait pourtant ne plus avoir les moyens financiers de ses ambitions.
Une réforme sociétale d'ampleur est conduite dans la négation des règles de fonctionnement du Parlement. Les class actions sont adoptées mais vidées de sens dans deux domaines essentiels : l'environnement et la santé. La santé où les scandales semblent voués à devenir la règle …
C'est la pagaille généralisée. Que font les Français pendant ce temps ? Ils organisent leurs ponts de mai.
Le système politique parait tellement bloqué que le fatalisme s'est installé comme si le progrès devenait étranger en France.
2013, la France vit son printemps (mis)érable. Combien de temps encore ?
Denis Bonzy 
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