Dans les années 80, Robert Viargues, éminent spécialiste de droit public, Directeur de la Prép. ENA à l'IEP de Grenoble, tenait d'ordinaire la première journée d'installation d'une promotion de candidats par un séminaire à Chamrousse au cours duquel il donnait des repères simples dont le suivant : "dans votre vie, vous ne cumulerez jamais les 4 P : Pouvoir, Pognon, Petites Pépées. Et si vous cherchez à les cumuler, c'est l'échec assuré !". Et le spécialiste de droit public de préciser les exigences de chaque choix incompatibles entre elles.
Le PS vient de connaître une génération qui a couru après les 4 P : le Pouvoir, le Pognon et les Petites Pépées.
Dans cette course aux inconciliables, cette génération a perdu le sens des choses. Elle est aujourd'hui confrontée au constat de sa faillite.
Elle a souvent une double apparence :
une génération qui se déguise en humbles de provinces mais en aristos à Paris y compris dans les tenues vestimentaires. Croiser certains parlementaires PS à Paris est un choc par rapport à leurs tenues "locales" comme s'il y avait deux personnalités.
Cette génération a deux morales : celle des mots et celle des faits.
Les cabinets locaux ont fréquemment été composés à partir de l'étalon des jupes courtes et non pas de la compétence technique.
La carte du parti a souvent été le passeport des nominations à la place de l'expérience nécessaire.
Des intéressés moquaient le "spoil system" à l'américaine mais le mettaient en place en même temps. C'est une génération où les mots ont perdu leur sens, tout sens.
Cette génération a conduit un parti à une crise sans précédent. Les démissions d'élus PS s'engagent. Un Conseiller Régional PS du Nord Pas de Calais écrit : "le PS est mort" dressant la liste des reniements insupportables dont le report sur le non-cumul des mandats.
A Perpignan, un élu PS retourne sa carte pour exprimer combien il est écoeuré. Les retours de cartes des militants battent des records.
Si le PS vit cette crise sans qu'un transfert immédiat ne soit opéré en faveur d'un autre parti, c'est peut-être parce que la tentation des 4 P n'est pas "propre" au PS et a frappé bien au-delà ?
C'est une partie très large de la "France professionnelle de la politique" qui a cédé à la tentation, se tenant par la barbichette et espérant que le "bon peuple" resterait dans l'ignorance le plus longtemps possible.
Cette classe politique là s'est trompée sur ses priorités. Elle a confondu les "carrières" voulant toutes les vivre en une.
Parce qu'il a été trompé, le peuple est aujourd'hui animé par une colère sourde dont le contenu de l'expression est à ce jour imprévisible surtout avec l'actuelle crise globale qui allourdit la responsabilité des fautifs.
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