Hier, Aurélie Filippetti a lancé plusieurs mesures comme plan de sauvetage des librairies indépendantes qui sont en crise profonde. La crise économique générale et la diffusion via Internet accélèrent une crise structurelle déjà ancienne ancienne.
Aucune des mesures évoquées hier par Aurélie Filippetti n'est à la hauteur des enjeux et certainement pas la proposition de création d'un"médiateur du livre" comme si les directions administratives du Ministère de la Culture ne connaissaient pas les problèmes.
Les raisons sont ailleurs :
1) La loi Lang sur le prix unique a été un avantage considérable pour les gros intervenants de la chaîne du livre puisqu'elle a figé la souplesse et la réactivité de la concurrence. Où est la force du faible dans l'économie : dans sa réactivité.
Comme la loi sur le prix unique bloque l'un des facteurs de ventes majeurs, c'est la prime aux gros intervenants.
2) La modification du dispositif dit des "offices" : les gros diffuseurs – distributeurs tuent la concurrence en occupant par les "offices" les linéaires de ventes et placent les petits libraires dans une logique de dépendance économique. Une fois cette dépendance installée, ils font évoluer les marges et saignent les libraires indépendants.
3) L'absence de SBA pour les achats de proximité en faveur des libraires indépendants et tout particulièrement en matière de produits scolaires. Bien davantage, la possibilité pour les établissements scolaires d'effectuer des achats groupés à la différence des achats familiaux pousse les établissements dans les bras des grandes centrales de ventes. L'édition scolaire assurait un CA de rentrée équilibrant les cycles de l'année avant Noël …
4) La disparition d'émissions TV populaires sur le livre à des heures de fortes audiences c'est à dire à 21 heures. Le libraire indépendant vit de locomotives auxquelles se raccrochent des ventes collatérales. Encore faut-il avoir les locomotives c'est à dire des produits très grand public.Or comment le grand public pourrait-il acheter des produits dont il n'entend plus parler ?
5) Le scandale global de la grande distribution française qui fait ses marges sur le dos de ses fournisseurs. La grande distribution a été le premier corrupteur des partis politiques français. Elle a acquis un statut d'irresponsabilité qui illustre le niveau de la corruption qui a dû intervenir en la matière pour qu'aucun parti politique n'ait le courage et l'honnêteté de s'attaquer au statut de la grande distribution française qui saigne les PME comme l'indiquait dernièrement à juste titre la couverture de l'hebdomadaire Le Point.
Mme Filippetti a besoin d'un "médiateur" pour découvrir ces réalités, ce qui pose une fois de plus la question du profil des ministres en France chargés de gérer un secteur qu'ils ne connaissent manifestement pas.
A ce rythme, la France avance bien vers le triste statut de premier pays sans libraire indépendant.
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