Denis Bonzy

Municipales 2014 : la révolution des primaires

Jusqu’à l'initiative de Terra Nova en faveur de la primaire PS pour les présidentielles 2012, la culture politique française était peu favorable à l'organisation de primaires.

A cette époque, j'avais été en contact avec Olivier Ferrand et, via le site d'informations Exprimeo, à sa demande, nous avions été parmi les premiers parrains publics officiels de cette démarche au tout début.

Qu'a changé la primaire en cette circonstance ?

C’est la fin d’une
organisation autoritaire et centralisée du système politique français.
Colorado-obama

La
crise a entraîné la faillite d’une forme d’élitisme qui voulait que les plus
capables soient toujours en haut de l’échelle et qu’ils puissent ainsi
« guider » ceux d’en bas dans la direction souhaitée. Cet état
d’esprit là est révolu. Cette conception un peu mystique est terminée. Ce
« modèle »reposait sur une forme de méritocratie supposant que les
plus doués sur le plan intellectuel soient les plus capables d’exercer le
pouvoir. Non seulement, il n’y a plus d’élite reconnue et acceptée mais encore
l’appartenance aux « cercles parisiens » est en passe de devenir une
« tâche » à l’exemple de la seule mention de Washington dans la vie
politique américaine.

Second trait important,
c’est l’érosion de la conception des «hommes providentiels». Ce paternalisme institutionnel était le creuset culturel de la Vème République. La centralisation du pouvoir donnait une impression de
puissance que dégageait une logique de concentration de tous les pouvoirs vers
le sommet d’où la nécessité d’une sélection rigoureuse.

 La
terminologie employée portait en permanence cette conception. L’Elysée était qualifiée « le Château ». Il est souvent question de
« règne » ou le commentaire permanent selon lequel « le pouvoir
a décidé ». ».

Avec la décentralisation, puis la
cohabitation, ensuite une logique présidentielle réduite au « ministère de
la parole » sans suite concrète immédiate ; cette logique historique a
pris fin.

Ce sont des modifications structurantes qui
donnent naissance à une nouvelle logique de représentation, de candidatures
comme d’exercice des mandats.

Il
est souvent question d’un système politique français bloqué. Dans ce domaine,
une évolution est intervenue en douceur mais elle a été constitutive d’une véritable révolution. Par le hasard du calendrier, elle a frappé en
premier l’élection présidentielle. Comme cette élection est le vrai pivot de
l’ensemble de la vie publique française, c’est l’ensemble des échéances
électorales qui vont être rapidement contaminées par ce nouveau climat.

Sous cet angle, les primaires ne sont pas une réforme. C'est une véritable révolution, une nouvelle République. 

L'attitude nationale de l'UMP sur ce point sera donc un test majeur dans les prochains jours.

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