Denis Bonzy

L’impact politique à terme d’une blogosphère qui passe à droite

Le quotidien Le Monde posait dernièrement cette question sur le plan national. Sur les plans locaux, cette question est encore plus intéressante pour trois raisons :

1) C'est probablement sur le plan local qu'en France l'écart en rapports de forces sur Internet entre l'opposition et les pouvoirs locaux PS est encore plus grand. Les pouvoirs ont privilégié l'information institutionnelle classique. Or deux tendances techniques méritent une attention prioritaire :

– les médias classiques et tout particulièrement la PQR sont performants à destination des seniors qui sont leur socle de clientèles. Or, pour des facteurs désormais de politique nationale, ce "socle" est d'opposition au pouvoir PS. Par conséquent, les pouvoirs régionaux PS communiquent prioritairement à une cible peu destinée à les "accueillir" favorablement,

– les tendances d'évolutions d'audiences se croisent de façon accélérée : les médias classiques doivent lutter contre l'érosion tandis qu'Internet surfe sur une vague porteuse.

2) Une fois de plus, les Français montrent que, face aux nouvelles technologies, ils ont du retard au "clic de départ" mais qu'ensuite ils ont une capacité d'adaptation accélérée et ce sur tous les plans : équipements, usages, déclinaisons, implications individuelles …

3) Le temps des e-campagnes est né. Il est d'ailleurs probablement né dans les derniers jours de la présidentielle 2012 lorsque l'électorat de droite considérait que sa mobilisation individuelle pouvait inverser la tendance dominante d'alors.

Aux Etats-Unis, Joe Trippi, concepteur de la campagne d'Howard Dean, a été le précurseur.
Obama north carolina Mais il a eu raison trop tôt. C'est Obama en 2007 qui a, avec l'aide décisive de MoveOn.org, qui a construit le faire part de naissance de la première e-campagne. 

En 2014, les municipales, élections de proximité par excellence, s'annoncent comme la première e-campagne française.

Un blog fait souvent déjà chaque jour plus que la réunion publique la plus fréquentée.

L'appréciation de l'impact va désormais dépendre de la capacité à mailler les réseaux locaux. 

Ce sont ces audiences cumulées qui feront ou pas l'impact électoral. Des audiences d'autant plus riches qu'elles sont segmentées donc avec une forte qualité d'attention.

C'est probablement le moment où l'opposition "culturelle" aux pouvoirs va pouvoir transformer son essai pour devenir majorité politique.

Sous cet angle, la tendance actuelle est donc un facteur politique de première importance.

Commentaires

Une réponse à « L’impact politique à terme d’une blogosphère qui passe à droite »

  1. Avatar de Hélène Richard-Favre

    Très intéressante, cette approche, Denis.
    Il conviendrait toutefois de préciser le terme de « culture ». Car comme il est aujourd’hui employé à tout-va, il recouvre tout et son contraire.
    Et ce d’autant plus à l’heure du « multiculturalisme » où chacun(e) y va de ses revendications en fonction de ses propres valeurs à défendre.
    Ainsi donc et en tant que telle, la « culture » ne veut rien dire si elle n’est pas définie.
    Quant à son influence sur l’opinion publique, elle relève en grande partie de la guerre des images et des concepts.

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