Il y a des moments où un mot porté de belles valeurs perd toute signification tellement il est utilisé dans le vide. C'est le cas du mot "morale" dans la vie politique française au moment où il s'affiche dans la quasi-totalité des déclarations. Rarement ce mot n'a été autant en terrain hostile dans la vie politique française.
Comparons des faits :
1) Hier à Toronto, la Cour Supérieure de l'Ontario a destitué le Maire de Toronto pour conflits d'intérêts pour 3 150 $.
Il lui était reproché d'avoir sollicité des dons pour sa fondation en ayant utilisé du papier à en-tête de la Ville. Et il a collecté 3 150 $ !
Mais il avait violé le code de conduite que surveille le commissaire à l'intégrité de la Ville de Toronto. Il a maintenant 30 jours pour faire appel.
2) A côté d'exemple de ce type, la "morale" dans la politique française c'est de la flûte traversière pour gogos.
Les "listes électorales" des partis politiques sont dopées par des adhésions prête-noms de copains qui gonflent les votes mais pas le vrai militantisme.
Les listes électorales des Communes mériteraient un toilettage sérieux. Dominique Dord mettait hier en évidence des arguments de confusions d'intérêts. Mais localement, qui peut garantir qu'un collaborateur de collectivité ne travaille que pour la collectivité ? Les collaborateurs des institutions sont si souvent dans les faits des "collaborateurs privés" mais rémunérés sur fonds publics.
Il faut arrêter de toujours progresser dans cet aveuglement collectif qui consiste à refuser de voir la vérité en face.
Cet aveuglement volontaire est une insulte à la citoyenneté. Cette appréciation doit être modérée parce qu'il faut également reconnaître que les citoyens français acceptent très facilement d'être insultés sans la moindre conséquence pratique durable. Le pays qui donne des leçons à l'international n'a plus aucune considération pour lui-même sur son propre territoire.
C'est le résultat de multiples fautes : la logique du bouc-émissaire qui empêche toute action de fond sérieuse, une culture qui est devenue plus latine que nordique, des pouvoirs plus complices qu'indépendants …
Mais il y a un moment où la comédie de la "morale" doit prendre fin parce que ceux qui continuent à jouer la pièce dans de telles conditions prennent véritablement les spectateurs pour des cons.
Quand les mots ne veulent plus rien dire de précis, c'est difficile de communiquer. C'est tout le problème maintenant du mot "morale". Il serait temps qu'il retrouve sa véritable signification réelle.
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