Denis Bonzy

La nécessaire mutation des partis politiques français

Je suis très surpris par l'actuelle instrumentalisation des divisions nationales internes à l'UMP. Sur de nombreux points, bon nombre d'analyses courantes me semblent hors sujet.

1) Existe-t-il une crise spécifique à l'UMP ? Non. Tous les partis politiques français sont en crise de recrutement, en crise de démocratie interne, en crise de représentativité. Ils étaient structurés pour un fonctionnement hiérarchique du haut vers le bas. Ils n'ont pas pris le tournant du fonctionnement moderne : du bas vers le haut.

2) S'agit-il d'une course de pouvoir ? C'est d'abord la course pour faire "main basse" sur le trésor de guerre qu'est le mode français de financement public des partis politiques.

3) Les comportements de Fillon et Copé sont-il surprenants ? Non. Fillon a toujours été "mauvais perdant". Il suffit de se rappeler les conditions de son soutien à Sarkozy : la colère de ne pas avoir été promu par Chirac lors d'un remaniement ministériel. Quant à Copé, il assume son ambition comme il assume ses idées. 

4) Est-ce que seuls les partis politiques sont en crise ? Non. C'est toute la vie publique française qui est en crise et de longue date. En pleine semaine médiatique sur le viol et les violences faites aux femmes, on voit souvent intervenir ceux qui dans l'affaire DSK excusaient DSK avec parfois même des formules d'une insensibilité dramatique. Qui leur en tient rigueur aujourd'hui ? Pas grand monde pour ne pas dire personne. L'opinion publique française a la mémoire très courte. C'est probablement un point partagé entre Copé et Fillon. Dans 6 mois, qui se souviendra de l'actuel feuilleton ? Plus grand monde. Pour que l'opinion publique française ait la mémoire longue, il faut que son souvenir soit très régulièrement entretenu, sinon elle tourne très vite les pages, ce qui contribue à ce sentiment diffus de jours sans lendemain ou de situations sans responsabilité durable.

En réalité, les partis politiques français doivent apprendre à faire vivre la compétition sur des bases claires, loyales et saines. C'est une évolution qui est contraire à leur culture profonde et à leur tradition.

Tant qu'ils n'effectueront pas cette mutation, ils creuseront leurs crises.

Mais pourquoi attendre que l'exemple vienne d'en haut ? Qu'est ce qui empêche des structures locales de faire preuve d'imagination, de novation ? Rien dans l'absolu.

Seulement presque tout le monde a peur de cette concurrence qui dérange parce qu'elle remettrait en cause tellement de situations de fonds de commerces. Finalement, même parmi ceux qui critiquent l'actuelle crise Copé-Fillon, combien d'entre eux sont des "Copé-Fillon" dans leurs localités ? Probablement un très grand nombre …

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