La défaite 2012 de Mitt Romney va probablement donner matière à des réflexions bien au-delà du seul parti républicain américain. Dick Morris, qui fut le Conseiller de Bill Clinton lors de la victoire de 1996, a publié un billet aujourd'hui d'une remarquable qualité.
En 1996, il avait inventé la technique de communication dite de la triangulation : s'emparer des idées les plus populaires de son … concurrent.
La défaite de Mitt Romney est à l'opposé de
cette "technique".
Plus les sondages indiquaient que l'écart serait serré, plus les sondages creusaient l'écart en faveur … d'Obama. Certes, cette indication mobilisait l'électorat de Romney mais elle mobilisait surtout les abstentionnistes virtuels. Or ces abstentionnistes ne pouvaient pas voter Romney. Par conséquent, en agitant sa perspective de victoire, Romney creusait sa défaite.
Cette défaite rappelle trois constantes majeures :
1) A quelques très rares exceptions, dès qu'une collectivité reste coupée en deux parties assez égales, la victoire se joue toujours au centre. Le radicalisme des extrêmes est une facteur technique de mobilisation contre l'autre camp. Il en est autrement pour le centre. Courir après les extrêmes, c'est s'aliéner le centre. C'est ce qu'a connu Romney pour apaiser sa tendance la plus radicale alors même que ce n'était pas dans sa nature profonde ni dans les enseignements de sa gestion publique.
2) Une formation politique attractive, c'est le reflet de toute la société. Dès qu'une formation politique est repliée sur des segments trop restreints, elle perd en performance électorale. Une formation politique doit donc veiller à être un "club de rencontres" et non pas un "club de fans". Le parti républicain est trop "blanc", trop élitiste, trop "classes aisées" pour ne pas être répulsif pour des latinos, des hispaniques, des populations défavorisées. Avec l'échec de Mia Love dans l'Utah (photo ci-contre), le parti républicain n'a toujours pas connu de femme noire élue à la Chambre des Représentants. Un décrochage incroyable.
3) Quand il y a un "ticket" exposé à l'observation médiatique et populaire, les qualités doivent se compléter et non pas s'ajouter. Ce volet est le retour sur le choix de Ryan. Romney n'a pas comblé ses points faibles. Il a ajouté sur ses points déjà forts. Une femme, un latino (Marco Rubio ?) … auraient élargi l'assiette du ticket donc sa performance électorale.
Dans les démocraties modernes, on ne force pas une opinion. C'est elle qui décide et pour voter favorablement elle doit retrouver son histoire, sa vie quotidienne dans l'offre de ceux qui veulent la représenter.
Il y a là des enseignements techniques qui, en effet, dépassent largement le parti républicain et la seule échéance du 6 novembre 2012.
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