Début décembre, avec le recul nécessaire pour tirer les nombreux enseignements techniques de l'élection 2012, c'est avec plaisir que j'échangerai sur ce thème avec le Consul des Etats-Unis à l'Université Lyon III.
6 sujets techniques méritent une attention prioritaire au-delà du pontuel de la victoire :
1) Une élection est désormais d'abord un enjeu de mobilisation : les réseaux sociaux ont totalement modifié les conditions et les modalités de cette mobilisation. A la différence de 2008 qui avait été l'émergence de Facebook, d'autres supports sont nés et ont été les socles de cette mobilisation traduisant par leurs capacités techniques les attentes nouvelles du militantisme puis des citoyens.
2) Une élection moderne, ce n'est plus le vote pour un candidat mais le vote pour soi : chaque citoyen doit trouver dans un tempérament, dans un programme la lisibilité pour fonder ses priorités personnelles.
3) Une élection moderne est plus que jamais une course à l'élimination : Obama a gagné parce que les Républicains n'ont pas eu la volonté ou n'ont pas été capables de mieux rassurer les américains ou du moins les catégories électorales décisives.
4) L'opinion indécise qui fait la différence ne lit plus dans les programmes mais elle lit l'action dans la campagne : les dernières semaines ont été instructives. Sandy, les réunions, la gestion hyperactive du temps de campagne … ont creusé un écart majeur entre Obama et Romney.
5) Une campagne électorale reste d'abord un moment d'idéal : ce parti pris d’idéal, c’était l’axe
stratégique de la campagne de Barack Obama en 2008. Le choix fort a été ensuite, grâce à des
outils, d’offrir de s’associer à cet idéal pour le transformer en idéal commun.
Ces outils ont «vendu de la relation». Mais Barack Obama a d’abord «vendu de
l’idéal» en 2008 y compris par la force de son
propre cursus personnel mais bien au-delà par le symbole de tous ses grands
projets. Les outils ont permis de bâtir l’adhésion
du grand nombre à cet idéal puis de s’affirmer comme une «marque». Parce qu’on adhérait à la campagne de
Barack Obama, on montrait que l’on partageait une vision et des engagements. Ce
faisant, il a probablement annoncé le renversement d’une tendance qui
condamnait l’idéalisme au profit du réalisme. Il a annoncé la «conscientious
living», c'est-à-dire un style de vie mesuré qui est la recherche de sens. Dès 2008, il a annoncé la fin du consumérisme ostentatoire
(style de vie «bling bling»). En 2012, il a gagné en revenant à ses fondamentaux de 2008.
6) Enfin, Il a rappelé que le vote c’est le moment où la politique vient à la
rescousse de la vie. C'est ce ressort qui explique d’abord la mobilisation militante puis celle civique du vote. Chaque candidat, a fortiori incarnant un pouvoir sortant, qui oublie ce repère s'expose à de difficiles réveils. Lors d'une élection, il faut d'abord montrer comment la vie peut changer, comment la vie va changer. Tous les autres objectifs ne parlent pas à l'opinion.
Laisser un commentaire