Les chocs en stock et le message des petits chiffres

Plusieurs sondages importants ont été publiés hier. Ces sondages montrent pour l’essentiel combien la crise fait actuellement évoluer les opinions.

Le sondage américain (Gallup) rappelle une donnée technique de base lors d’une élection et pourtant trop souvent oubliée :

le rôle décisif des mobilisations respectives. Aucune opinion publique ne constitue un électorat. Il y a des segments électoraux. Le score global naît des mobilisations respectives. Romney gagne dans le camp des électeurs probables et ce pour la première fois. Obama est apparu trop distant lors du débat, trop intellectuel, trop « pouvoir sortant » et en conséquence ceux qui avaient fait sa victoire en 2008 se mobilisent moins (noirs, jeunes, hispaniques) alors qu’ils étaient déjà portés traditionnellement vers l’abstention. Cette situation va évoluer. Obama sera plus incisif lors des prochains débats mais surtout le camp démocrate va mener l’offensive contre Romney pour vulgariser l’enjeu des remises en question pour ces électorats sensibles.

Les sondages français publiés sur des sujets très divers (démantèlement des camps de Roms, rôle du centre, Observatoire des politiques publiques …) montrent que l’opinion française est actuellement en train de vivre des évolutions majeures :

1) elle a le sentiment que les chocs en stock sont pires que ceux qu’elle a déjà connus : c’est une opinion qui se radicalise car elle a peur avant d’avoir mal. Or elle a beaucoup peur d’avoir beaucoup mal,

2) elle regrette la « défrance » : cette disparition d’une forme de « modèle national » qui, après la dérive, tend tout simplement à disparaître,

3) elle condamne « l’enfer de la politique » qui est le royaume des avantages « exquis » pour les seuls politiciens mais qui n’apporte plus de réponses concrètes rapides, solides aux véritables problèmes rencontrés (perte de pouvoir d’achat, poussée de la pauvreté, généralisation des risques, …),

4) elle aspire à de la proximité pour « reprendre du pouvoir » : 50 % des sondés pour l’Observatoire des Politiques Publiques demandent davantage de pouvoirs pour les collectivités locales. C’est une forme de solution de repli pour être le rempart au global qui angoisse. 

Si elles s’installent et se confortent, ces tendances là entraînent de nombreuses modifications électorales. 

Cette logique de « chocs en stock » est manifestement en train de donner naissance à de nouveaux repères collectifs.

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