La vie politique nationale française tourne dans le vide. La bataille est celle des images et pas celle des actes. D'où le divorce croissant entre l'opinion et ses représentants politiques.
La bataille des images, c'est le déplacement "surprise" de François Hollande. Il faut corriger l'image de vacance du pouvoir installée depuis l'été 2012 donc
il programme un déplacement de 60 minutes au moment des "actualités du soir" pour que ce déplacement soir relayé en direct.
Manuel Valls passe 15 heures à Grenoble. Il descend dans un hôtel 4 étoiles, oubliant au passage les engagements d'austérité de l'Etat. Il rencontre quelques élus et repart aussitôt en fin de matinée d'hier. Il paraît établi que notamment des habitants et des commerçants de l'Avenue Alsace Lorraine ont sollicité une entrevue. Valls ne se déplace pas. Il ne donne même pas instruction que cette délégation soit reçue par un de ses collaborateurs.
Dans des circonstances les plus graves qui soient, en 24 heures, Hollande, Valls, Destot, Safar … ont montré le peu de considération qu'ils accordent aux habitants de l'agglo : rien de concret, des signes extérieurs passagers de compassion, même pas le temps utile dans leur emploi du temps pour au moins écouter calmement les citoyens, tous les citoyens.
Est-ce le "privilège" de Hollande, Valls et compagnie ? Bien sûr que nous.
Cela fait tellement de temps que l'élite politique française considère la province comme l'étape éphémère avant le retour immédiat sur Paris. Valls a déjà commis l'exploit d'y dormir une nuit, sur place, ce qui est rarissime.
Les citoyens ont les représentants qu'ils méritent.
Si au moment du vote, plus d'entre eux témoignaient une considération plus élevée pour eux-mêmes en s'émancipant des clivages partisans stériles, la vie publique française changerait.
De tous les participants à la "marche blanche" d'hier, combien d'entre eux y penseront encore dans 15 jours une fois que la traditionnelle compassion passagère sera retombée ?
Les français ne sont que les pâles héritiers des révolutionnaires de 1789. Ils ne s'imposent plus face aux pouvoirs. Ils sont dociles. Cette docilité cache des coups de sang éventuels. C'est aujourd'hui un coup de sang que le pouvoir doit craindre car il joue trop avec les réalités, trop avec les nerfs et surtout trop avec le bon sens élémentaire qu'il vise à noyer sous des mots qu'il vide de leur réelle signification. Comment communiquer quand un mot n'a plus de sens ?
C'est cette coupure qui laisse augurer d'éventuelles tensions hors du commun. Il serait temps de regarder cette réalité avec lucidité.
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