Denis Bonzy

Licenciements en temps de crise : les règles du sens doivent être actualisées

La région Rhône-Alpes connait ces derniers jours un dossier qui montre l'absolue nécessité de clarifier les règles des licenciements : c'est le dossier Merck KGaA.

Les syndicats dénoncent à juste titre un plan social au rabais.

Ils exposent :

" Les membres
du CE Merck Serono dénoncent par ce communiqué de presse le projet de leur
direction de supprimer 267 postes en France.

Merck Serono
SAS appartient au groupe Allemand Merck KGaA, leader de l’industrie pharmaceutique
en Allemagne dont le chiffre d’affaire 2012 devrait atteindre les 10,7 milliards d'euros pour un résultat
brut d’exploitation de 2.85 à 2.95 milliards d’euros.

Merck KGaA confirme le 18
septembre 2012 cette excellente santé financière dans la communication de son
dirigeant Stéfan Oschmann.

En France, Merck  a réalisé en 2011 plus de 100.000.000 € de
résultats nets.

La direction justifie la
nécessité de ces licenciements par la sauvegarde de sa compétitivité.

Les raisons économiques mises en avant par la
direction  pour justifier la
réorganisation du groupe  ne sont pas
fondées.

Merck distribue plus de 50% de ses bénéfices à ses
actionnaires
quand la moyenne pour les entreprises du CAC 40 est de 30 à 37%
.

Compte tenu  de
la santé financière du groupe le plan social est manifestement voué à préserver
exclusivement le niveau très élevé des dividendes distribués.
Santé 28 09 12

L’impact social et économique  sera d’autant plus catastrophique pour la
région Rhône-Alpes qu’à ces 267 suppressions de postes s’additionnent plusieurs
centaines de salariés frontaliers licenciés suite à la fermeture du siège Suisse
Merck Serono à Genève.

La version initiale des mesures d’accompagnement
proposée par la direction n’est pas proportionnée à l’excellente santé
financière et à l’importance du groupe.

En l’état, la société Merck en France propose à ses salariés un PSE indigent parfaite illustration
du cynisme et du mépris d’une
direction vis-à-vis de ses employés, de la collectivité  et des organismes sociaux qui prennent en
charge le remboursement de ses médicaments."

Dans le rapport de confiance qui doit exister entre un salarié et son entreprise doit figurer la certitude que le lien dans le temps est étroit a fortiori quand la crise économique est là et que le Groupe concerné affiche des résultats d'une rentabilité insolente.

A la différence de PME et de TPE où cette dimension humaine rythme le fonctionnement des entreprises, de telles multinationales ignorent excessivement et gravement cette dimension humaine.

Même les plus libéraux doivent alors défendre la nécessaire actualisation des règles du sens dans le fonctionnement de telles entreprises. Au cas contraire, c'est l'ensemble du secteur privé qui est entaché par un cynisme financier qui n'est pas tolérable.

Le secteur de la santé est en plein boom pour de multiples raisons. Les coefficients de rentabilité sont records. La barre du record des profits ne peut pas être indéfiniment rehaussée a fortiori dans des circonstances où la crise rend difficile la reconversion professionnelle de celles et de ceux qui ont, par leur travail, construit cette rentabilité.

Comme dans tout fonctionnement collectif, il doit y avoir des règles et des frontières à ne pas dépasser. En l'espèce, les frontières du concevable et donc du tolérable sont en train d'être dépassées. 

 

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