Denis Bonzy

L’hôpital de Caen ou la chute du premier domino ?

L'hôpital de Caen suspend ses réglements à ses fournisseurs et aux organismes de cotisations sociales. Le 22 juillet 2012, Moody's dégradait la notation des hôpitaux publics français. Dans un billet à cette date, nous avions évoqué la note de Moody's.

L'agence de notation Moody's a abaissé de "Aaa" à "Baa1" la note des Centres Hospitaliers Régionaux Universitaires (CHRU) de France, qui sont mis sous "surveillance négative".Les Centres Hospitaliers Universitaires (CHU) voient également leur note rétrogradée de "Aaa" à "A1" et sont eux aussi placés sous "surveillance négative". La mise sous surveillance négative signifie que Moody's peut abaisser à nouveau cette note dans les trois mois qui viennent.

L'agence soulignait d'abord la "détérioration rapide de la situation financière de certains hôpitaux".

Plus généralement, cette situation s'explique par "un contrôle du gouvernement sur les hôpitaux publics moins efficace que ce qui avait été anticipé initialement", et une "pression particulièrement forte sur la trésorerie des hôpitaux publics", selon l'agence.

En outre, l'objectif de retour à l'équilibre en 2017 que s'est fixé la France va accentuer cette pression financière, en imposant de nouvelles "contraintes budgétaires sur les transferts de fonds publics" vers le secteur hospitalier.

L'été est passé sans action significative et la première rupture de trésorerie d'un hôpital public français est officialisée.
Reves bis

La situation financière globale des comptes publics français a très bien été exposée par une formule simple qui est la théorie des 3 euros : 1 euro d'imposition de plus et en même temps 2 euros de baisse des dépenses publiques.

Il faut conduire les deux en même temps. Ce fut la théorie de base au Canada lors du redressement dans les années 90.

Cela "parle à l'opinion" : pour chaque euro de plus payé par un contribuable, le secteur public donne l'exemple en faisant le double d'économies.

Or Hollande fait le contraire : pour 1 euro annoncé d'effort dans le secteur public, il augmente de deux euros les prélèvements publics. C'était sa présentation sur les 30 milliards de dimanche dernier : 10 milliards d'économies pour 20 milliards d'impôts de plus sur les entreprises et les particuliers. 

C'est une logique qui mène dans le mur. Les prélèvements vont tuer la demande qui reste le soutien de base de l'économie.

Dans le même temps, comme l'Etat n'a pas effectué des annonces de recapitalisation de certains domaines en difficulté considérable, c'est tout l'édifice qui devient précaire. L'Etat doit se méfier de la perte de confiance. La chute du premier domino risque d'accélérer dangereusement une cascade assez angoissante.

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