Denis Bonzy

Le PS entre nouvelle monarchie et ancien régime

La Fayette parlait de Louis-Philippe dans les termes suivants :"ce roi est la meilleure des républiques". Il s'agissait de couvrir du manteau royal un régime républicain impossible alors à installer à visage découvert.

Aujourd'hui, c'est le contraire : un manteau républicain couvre un régime monarchique impossible à installer à visage découvert.


 

Le Gouvernement et les cabinets ministériels vivent un croisement inédit de relations politiques, de relations d'affaires, de liens familiaux. 

La parole de campagne visait exclusivement à se faire élire comme si les gueux modernes que seraient les citoyens avaient la "mémoire si courte" qu'ils oublieraient vite les promesses reçues. Un exemple : la polémique sur le cumul des mandats. C'est une attitude d'une monarchie que de se souhaiter s'en remettre au bon vouloir des "princes" en leur demandant de respecter la "parole donnée". Dans une république, les citoyens se sachant non-respectés ne sollicitent pas, ils gagnent le non-cumul des mandats en chassant du pouvoir ceux qui cumulent et ce dès la prochaine élection. C'est une question de respect de leur condition même de citoyens bien au-delà de la prison des appartenances politiques.
Time

La France est culturellement restée une monarchie qui fonctionne sous le manteau de la république. Mais une monarchie ne dure qu'à la condition d'avoir la reconnaissance de la nation. Il faut avoir défendu la nation dans des circonstances tragiques. Le problème du PS, c'est qu'il n'a pas cette légitimité morale là, bien au contraire.

C'est peut-être le meilleur service que François Hollande est en train de rendre à la France : la faire entrer enfin dans un vrai régime républicain. C'est ce service qu'a involontairement rendu DSK en mettant fin aux mensonges grossiers sur la vie privée des responsables politiques. Il a couvert de ridicule toute une génération de journalistes qui se partageaient seulement entre eux les révélations sur les coucheries se gardant bien d'en révéler la moindre traces aux citoyens. Ce climat a maintenant commencé à changer.

La colère qui gronde actuellement est d'abord contre un état d'esprit : celui des barons locaux du PS portés au pouvoir national en mai 2012.  Ils ont la culture de l'ancien régime : clientélisme, système de la Cour, conseillers multiples, dépenses arbitraires … : une sorte de despotisme poussé jusqu'à la caricature des non-réponses aux courriers. Combien de Maires ou de Présidents de collectivités poussent maintenant la caricature de la monarchie jusqu'à ne même plus répondre aux courriers des citoyens : le "Palais" ne veut plus entendre les gueux qui clament dans la rue…

Dans une république où l'élu est le représentant des citoyens, la non-réponse est inconcevable. 

Hollande pousse tellement à l'excès la logique du "roi fainéant" alors même que la crise brutalise déjà l'opinion de façon violente qu'il va provoquer une immense vague de rejet avec un choc brutal comme la vie publique française les connaît parce qu'elle n'avance jamais en douceur mais toujours avec des ruptures brutales. Ce n'est désormais qu'une affaire de calendrier et de circonstances.

 

 

Commentaires

Une réponse à « Le PS entre nouvelle monarchie et ancien régime »

  1. Avatar de Joël de Leiris
    Joël de Leiris

    Cette excellente analyse ne peut que nous conduire à appeler de nos voeux une nouvelle nuit du 4 août!!
    La première en date, celle de 1789, allait conduire à l’abolition des privilèges inacceptables d’une classe sociale en fin de course.
    On sait ce qu’il en advint!
    Les privilèges ôtés aux uns (la noblesse) furent aussitôt confisqués par les autres (la bourgeoisie) au détriment de l’ensemble du peuple.
    Oui, en 2012, nombreux sont ceux qui ont l’impression que le PS omnipotent gouverne comme la monarchie absolue aux pires moments de son histoire. Notre petit timonier national se voit dans le costume de Mao, alors qu’il n’a été élu qu’après une campagne mensongère au cours de laquelle il a promis la lune à une majorité de crédules prêts à gober que les pratiques socialistes allaient « changer maintenant ».
    Trois mois ont suffi pour leur faire comprendre leur lourde erreur!
    Oui, une nouvelle nuit du 4 août est donc sans doute indispensable pour faire émerger une vraie démocratie, responsable, majeure et honnête, capable de faire des choix pour le plus grand nombre et non pas pour une petite élite de privilégiés.
    Y aura-t-il au PS des courageux défenseurs du peuple et des droits du plus grand nombre, comme le furent, en août 1789, le duc d’Aiguillon, le Vicomte de Noailles et quelques autres lorsqu’ils réclamèrent et firent voter l’abolition des privilèges de leur classe et l’égalité de tous devant l’impôt??

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