"Je suis un démocrate. J'ai même prévu un bureau pour Monsieur Carignon et son secrétariat aura même droit à un bureau également !". Quand ce lundi matin qui précède le 1er tour de scrutin du 6 mars 1983, Hubert Dubedout prononce cette phrase en présence d'un journaliste du Point et d'Alain Carignon, il ne peut se douter que 6 jours plus tard il perdrait dès le premier tour …
Sa campagne était "poussive". Mais tout résidait dans
l'esprit de la "défaite impossible". Le "modèle grenoblois" venait d'être reconnu par un classement de l'hebdomadaire L'Express (en date du 04 au 10/02/1983).
Comment les grenoblois pourraient-ils être "ingrats" au point de ne pas reconduire une nouvelle fois l'équipe municipale sortante ?
Cet état d'esprit était coupé des réalités locales. Les Grenoblois avaient constaté que le "modèle" avait été snobé par Paris en raison de l'absence de la nomination ministérielle tant programmée. Ils voyaient des impôts élevés, un cadre de vie déclinant. Bref, le "modèle" était dans les mots, pas dans les faits.
Un jeune challenger avait saisi cette réalité des faits : Alain Carignon. Il promettait du souffle, de l'énergie, de la tolérance : un "nouvel élan".
Dans les débats contradictoires nombreux, sa jeunesse tranchait avec l'usure du Maire sortant.
Sa simplicité rendait encore plus étonnante la distance du Maire sortant.
La ville avait envie d'une cure de jeunesse, de proximité, de neuf.
Elle allait le manifester dès le premier tour par un score sans appel : 53 / 47.
Le classement de l'Express n'avait rien impacté. Il était donc possible d'être sorti par les urnes même en ayant été en tête d'un tel classement. Ce qui signifie aussi qu'il doit être possible d'être récupéré par les urnes alors même que les bons classements ne sont plus au rendez-vous. Les citoyens n'aiment pas voir leurs votes dictés par de prétendus ratios techniques.
Pour découvrir la 1ère campagne des 10 emblématiques pour la période 1982 – 1993 : Maurice Savin (1982 – Canton de Domène)
Laisser un commentaire