Début juillet 2012, la Chambre de Commerce et d'Industrie de Grenoble a publié un rapport sur l'impact de STMicroelectronics sur le pôle économique local.
C'est une étude de qualité disponible en ligne qui mérite non seulement une lecture attentive mais surtout une clarification sur la logique des aides publiques face aux filières industrielles.
Ce dossier appelle 4 commentaires :
1) Faut-il disposer d'entreprises internationales qui sont les moteurs de grands segments industriels ? Réponse oui. Pour une raison simple, l'impact économique va bien au-delà du seul segment en question. Par exemple, sans Synchrotron, négocié et gagné en 1985 par Alain Carignon, Joël de Leiris, René Michal, il n'y aurait pas d'autres équipements bien au-delà du Synchrotron dont le golf de Bresson, le lycée international, les sections internationales de la Houille Blanche, le pont pour desservir le secteur du Synchrotron … Ces filières avec leurs locomotives ont toujours été utiles (voir article de L'Express en 1985 / photo ci-contre).
2) Jusqu'où peuvent aller les aides publiques pour créer de telles filières ? Réponse : jusqu'au point de non distorsion avec les aides dont bénéficient les PME PMI. C'est là où la polémique ouverte par Lutte Ouvrière trouve son utilité. Il ne peut pas y avoir d'emploi à double vitesse à ce point. La sortie de crise passe par le respect de l'esprit d'entreprise, l'esprit d'initiative. Cet esprit d'entreprise passe par les PME PMI. Les PME PMI ne peuvent être les entreprises qui portent l'emploi durable dans le déclassement des aides publiques. Il faut équilibrer les aides publiques en faveur des PME PMI.
3) Seul ce nouvel équilibre assurera la sortie de crise. C'est la voie qui a été suivie par tous les Etats qui ont quitté la zone de crise : le Canada dans les années 90, l'Arizona ces dernières années. Il faut mettre au régime les collectivités publiques pour mieux aider l'initiative privée. C'est un changement total de culture. Prenons l'exemple des JO de Londres. Une fois de plus la Région Ile de France est entachée par un scandale financier : 150 000 € pour les déplacements d'élus
Selon une revue américaine, c'est la France qui aurait connu le plus grand nombre d'élus en visite (députés, sénateurs, conseillers régionaux, généraux, maires …) aux frais des contribuables. Ce qui est inconcevable ailleurs dans le contexte de crise.
Ce sont ces dépenses improductives là qu'il faut chasser, sanctionner, condamner.
Ces sommes auraient été tellement mieux utilisées pour sponsoriser de jeunes étudiants, de jeunes créateurs pour qu'ils trouvent des idées, des contacts commerciaux : mêmes sommes, différentes bénéficiaires, pas les mêmes retours sur l'emploi.
4) Il faut mettre la création d'entreprise à la mode : toutes les entreprises sans exception : commerce, artisanat, profession libérale … Toutes ces entreprises à égalité parce qu'elles crèent des emplois, de la richesse, donc de la consommation et qu'elles activent la chaîne de la croissance. Ce sont ces créations là d'emplois qui doivent être considérées, valorisées, aidées. Ce sont ces emplois là qui permettront la sortie durable de la crise. A ce jour, dans l'agglomération grenobloise, ces filières de proximité ne sont pas assez aidées, pas assez considérées. C'est ce qui explique les résultats très moyens en matière d'emploi par rapport aux atouts locaux. Il ne peut plus y avoir un tel décrochage entre les aides aux groupes internationaux et celles à destination des PME PMI. Sur ce point là, Lutte Ouvrière a raison. Il ne peut plus y avoir 1 milliard d'euros cumulés d'aides émanant comme le note Lutte Ouvrière " de la plupart de collectivités dirigées par le Parti Socialiste". Dans le même temps, l'artisan, l'entrepreneur de proximité doit se débrouiller tout seul. C'est un écart intolérable, injuste, improductif. Le rééquilibre est urgent et prioritaire. Il conditionnera le calendrier de sortie de crise.
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