Denis Bonzy

Grenoble et la perte du « statut olympique » : une véritable crise d’identité

Aujourd'hui, Londres est la Capitale du monde. Pendant plusieurs décennies, cette ville en récoltera les avantages. Lorsque le 18 mars 2009, Grenoble a perdu sa candidature sur le plan national pour les JO d'hiver 2018, c'est une réelle crise d'identité qui a été ouverte.

5 modifications majeures sont nées de cet échec :

1) L'échec d'une méthode : la candidature n'a pas bénéficié de la mobilisation populaire nécessaire. Ses initiateurs ont, une fois de plus, été paralysés par des "vents contraires" et la force populaire du dynamisme olympique en a subi les conséquences négatives. Dans sa "discipline clef" (la neige), Grenoble est arrivée en troisième position sur 4 et après … Nice ! Marathon

2) L'échec d'un rapport aux réalités : Grenoble n'a pas regardé en face les raisons de l'échec et les conséquences durables. Les raisons de l'échec étaient liées au coût des modernisations, reconnaissance officielle des retards d'équipements. Les conséquences durables allaient être la perte du statut de la gagne. L'identité de Grenoble a été construite par son statut olympique de 1968. Si une ville olympique par statut ne passe même plus la petite étape de la consultation nationale, c'est l'existence d'une crise de statut. 

3) A travers les Jeux, c'est une mentalité de gagne qui anime une nation. L'idée que le futur est à prendre, que l'avenir est une pomme à croquer, que le lendemain est une belle journée à vivre ! C'est la recette magique des jeux. En perdant, Grenoble s'est enfoncée dans la défaite. 1 an plus tard, elle devenait même le symbole des "émeutes urbaines" après avoir prétendu à l'olympisme des montagnes. 

4) Aucun nouveau projet collectif d'ampleur n'a pris la suite. "L'affront" a été lavé dans le déni des réalités. Le choc a été encaissé en tentant de se replier sur les "difficultés évitées" (travaux). Des difficultés qui ne seront pas évitées mais qui en plus seront désormais à la charge très lourde des seuls contribuables locaux.

5) Un terrible échec pour l'emploi : les JO sont d'abord un moteur pour l'emploi local : chantiers, innovations, labels, réputations, notoriétés … Or l'emploi doit être la priorité des priorités. C'est la clef de l'intégration dans la vie. 

Pour toutes ces raisons, cet échec du 18 mars 2009 a ouvert une véritable crise d'identité de la Ville qui s'est revendiquée pendant des décennies la capitale française de la montagne et qui a été battue par sa voisine (Annecy) et même par la capitale de la French Riviera (Nice) : deux symboles très lourds.

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