Denis Bonzy

La droite est-elle en train de redevenir une formidable machine à … perdre ?

Assistons-nous à un été meutrier pour la droite ? La question se pose avec acuité. Après une présidentielle perdue et une élection législative dévastatrice enregistrant une vague PS historique, la droite se lance dans des combats internes qui ne peuvent qu'amplifier ce "désamour" : des anciens Premiers Ministres publient leurs "aigreurs", les candidatures à la Présidence de l'UMP se multiplient, les "bons mots" s'accélèrent, les partis se libanisent …

Et tout cet emballement en pleine crise économique internationale majeure ! Quelle plus redoutable caricature d'un divorce entre les "priorités" des personnels politiques, les attentes des citoyens et les exigences des circonstances ?

Un remarquable Professeur de Sciences Politiques à Grenoble (Frédéric Bon) avait


publié un livre iconoclaste : "que le meilleur perde". Avec humour, il développait une thèse selon laquelle à voir les déclarations des uns ou des autres, il y avait matière à rechercher si le véritable objectif n'était pas la … défaite.

Cette analyse re-devient d'actualité avec trois nuances :

1) La droite triomphante en France n'a jamais existé depuis 1981. L'arbre des victoires présidentielles (1995, 2002, 2007) ne doit pas cacher la forêt des défaites notamment lors des élections locales sur des bases inédites à l'exemple des régionales. Par conséquent, la droite n'a pas attendu 2012 pour perdre. Elle a perdu régulièrement sauf dans de rares occasions.

2) La droite mobilisatrice n'a plus existé depuis le printemps 2007. A cette époque, capable de vivre l'alternance présidentielle en son sein, elle avait ouvert de nouvelles perspectives immédiatement refermées dès la sortie de l'été meutrier 2007 avec les enjeux du style présidentiel d'alors qui se sont imposés ensuite pendant tout le mandat.

3) La droite porteuse de valeurs fédératrices n'a plus existé depuis ce même printemps 2007. Elle a été ensuite soumise à de permanentes déchirures musculaires entre des sensibilités souvent peu compatibles.

Ce constat entraîne plusieurs conséquences pratiques :

1) Les élections locales ne doivent pas devenir les otages de personnalités qui ne vivent que pour la présidentielle et qui ont une culture de "chair à canon" pour les autres échéances,

2) Les sujets actuels sont trop graves pour être laissés aux seuls permanents de la politique qui vivent dans un bain d'irresponsabilité et de coupure vis à vis des réalités quotidiennes.

3) Ce qui doit compter par-dessus tout c'est la compétition des contenus, des projets, des visions collectives bien au-delà de l'éphémère question des individualités.

En s'écartant de ces constats de bon sens, la droite est en train de redevenir une formidable machine à perdre comme aux pires heures de la Vème République et ces "pires heures" n'ont pas manqué notamment lors des sourdes rivalités VGE / Chirac puis Barre / Chirac.

Il serait nécessaire que cette "histoire rapprochée" puisse conduire certains leaders actuels à davantage de sagesse. Dans la course au "que le meilleur perde", la droite risque, à circonstances constantes, de s'avérer très performante.

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