Hier après-midi, l'Ifop a publié une note technique très importante sur les enseignements des résultats des législatives 2012. Cette enquête va à l'opposé de certaines conclusions premières.
4 informations méritent l'attention :
1) La véritable érosion concerne le "grand Ouest" : la géographie où le FN est historiquement faible. C'est à l'Ouest d'un axe Le Havre-Lyon-Perpignan que la droite a connu une érosion considérable :
– 2012 : droite = 71 députés
2) Sur cet axe, il ne s'agit pas de chute brutale en 2012 mais d'une érosion continue :
– 2002 : droite = 169 députés
– 2007 : droite = 132 députés
– 2012 : droite = 71 députés.
Même en 2007, pourtant dans la foulée de la victoire de Nicolas Sarkozy, l'érosion avait déjà été forte.
3) A quoi tient cette érosion ? L'enjeu c'est l'électorat modéré qui passe à gauche. Les électeurs modérés (pour simplifier : classique électorat historique démocrate-chrétien) ne se reconnaissent plus dans la ligne principale de conduite d'un seul parti à la différence des différentes familles d'hier du temps de l'existence de l'UDF.
4) Sur le front de l'Est où le FN est considérablement plus fort, les scores de la droite ont été moins mauvais. Certes au second tour, une partie de cet électorat se désolidarise de la droite parlementaire classique mais le niveau de report reste élevé.
Il s'agit là de chiffres et non pas d'interprétations destinées à tirer un inventaire ou à préparer un nouveau parcours.
Ces chiffres apportent trois enseignements majeurs :
1) La place doit être à la diversité et non pas à l'unicité. La diversité, c'est la société moderne, plurielle. La droite doit faire vivre cette diversité en créant des Clubs, en multipliant ses associations, en épousant les mouvements de la société civile celle qui vit la vie de tous les jours,
2) Cette diversité n'est pas la division mais elle doit permettre de faire vivre les débats dans une logique de tolérance, d'ouverture avant que le second tour n'offre des clivages plus fondamentaux.
3) C'est sur cette ligne des clivages du second tour que le travail majeur est à faire. Le second tour doit être le moment où la diversité des sensibilités du premier tour se rassemblent face à un camp où les fractures prennent le pas sur les nuances.
Sur le plan local, l'enjeu est rigoureusement identique. Si l'opposition reste dans un choc de partis politiques, elle part à un combat perdu d'avance. Il lui faut reconstituer une mosaïque de structures diverses, indépendantes, capables d'accueillir en leur sein des citoyens d'horizons différents. Si le jeu reste fermé entre des politiciens professionnels, la partie est "jouée d'avance". Tout le talent de l'opposition doit justement consister à changer les troupes du choc et les terrains du choc, ce qui demande de l'objectivité face à la réalité des chiffres.
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