La victoire d'hier porte en elle trois décrochages qui méritent une attention vigilante.
Tout d'abord, la gauche détient tous les pouvoirs alors même que le pays n'a jamais été aussi à droite culturellement. Il y a là un "décrochage culturel" qui sera redoutable à gérer. Cet ancrage à droite est le fait
de nombreux facteurs : la place croissante des seniors, des thèmes qui ont une audience inhabituelle (sécurité, identité …).
La remontée spectaculaire des derniers jours de Nicolas Sarkozy au sein d'une campagne commando ultra-courte de sa part montre, si besoin était, cette résistance profonde d'une partie importante de l'opinion au "retour de la gauche". C'est un fait inscrit dans les chiffres bien davantage qu'une quelconque analyse.
C'est un fait que le Président sortant a d'ailleurs dû intégrer et ce choix l'a conduit à mener une campagne incontournable. Au cas contraire, le risque de "21 avril à l'envers" aurait été considérable. Là aussi, c'est un fait et cette réalité du terrain, le PS se devra de la considérer parce que la démocratie d'opinion est installée. Dans son programme, le dossier du droit de vote des étrangers peut être l'équivalent du "combat de l'école libre" au début des années 80 : la mesure qui heurte et qui mobilise la "France profonde".
Second décrochage : la réalité du contenu du slogan : le "changement". Dans son programme, Hollande flatte et sécurise toutes les populations qui doivent être confrontées au … changement. Des segments entiers ont compris "changement = départ de Nicolas Sarkozy" alors même que le vrai changement c'est de modifier des conditions de fonctionnement pour faire face à la crise de la dette publique. Une crise terriblement sous-estimée dans le programme de FH à l'exemple de la réforme de l'AME (l'aide médicale d'Etat) qui demain devrait devenir sans condition de ressources selon le programme de FH …
Troisième décrochage : le profil de FH et celui des composantes de sa majorité politique. Hollande, c'est la victoire des jospiniens. Sa majorité est terriblement plus à gauche. Hollande a mis en oeuvre une communication très dirigée à l'exemple de l'effacement des "éléphants du PS" pendant la campagne envoyés prospecter … à l'étranger comme "ambassadeurs du programme". Mais les "ambassadeurs" sont de retour et l'opinion les redécouvre. Elle redécouvre aussi d'autres "tempéraments" qui sont en total décalage avec l'image souhaitée à l'exemple de cette "danse endiablée" de Montebourg qui n'est pas rythmée, elle, par les accordéons mais par … les youyous arabes !
Hollande offrait aux caméras l'image des accordéons sur la place provinciale de Tulle tandis que ses proches employaient des mots ("ennemi") ou des attitudes (danse de Montebourg) qui portent en elles des "chocs culturels". Là aussi, c'est le droit le plus strict des intéressés de se comporter ou de s'exprimer en totale liberté mais, sous cette liberté là, il n'est pas sûr que certains votes auraient suivi.
Ces décrochages portent en eux un divorce probable profond entre Hollande et l'opinion. Mais la majorité parlementaire sortante aura-t-elle la mobilisation sur le terrain pour assurer la rapide prise de conscience ?
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