Avec le recul et peu importe son résultat, la campagne présidentielle française 2012 restera un immense rendez-vous raté.
Quatre échecs majeurs sont nés :
1) La pédagogie sur la crise a fait défaut : c'est d'abord la responsabilité du PS qui a choisi de traiter le bilan de Nicolas Sarkozy comme si la crise n'avait pas existé. C'est injuste. Mais c'est surtout irresponsable par rapport aux promesses effectuées. En cas de victoire, fidèle à ses traditions, le PS croit disposer de l'arme suprême : l'audit. Il lancerait une mission d'audit qui démontrerait que les caisses seraient plus vides que … vides et fournirait ainsi l'échappatoire. Pas sûr que l'opinion ne s'en contente ?
2) Les vrais bilans comparés : Nicolas Sarkozy a un bilan. Mais l'opposition a aussi un bilan :
– combien de propositions effectuées ?
– combien de textes votés et lesquels ?
– quelles différences dans le fonctionnement des collectivités gérées par l'opposition ?
Ce sont là des questions qui restent sans la moindre réponse.
3) Quelle majorité demain ? La France n'est pas un régime présidentiel. Il faut compter avec une majorité parlementaire. Quelle majorité ? Quel "pacte majoritaire" ? Là aussi, dans le cas de François Hollande : pas une seule précision.
4) L'investigation nécessaire sur les personnalités : quels parcours ? Que connaît François Hollande du "monde de l'entreprise" ? De quand date sa dernière activité professionnelle et en quoi a-t-elle consisté ? Cet examen des tempéraments est déterminante. Aux Etats-Unis, elle fait le choix et à juste titre. Dans un monde en perpétuel changement, l'essentiel c'est de connaître les tempéraments. A l'issue de cette campagne, pas une avancée d'investigation sérieuse sur ce volet. Au moment où les moyens de connaissance sont les plus avancés, ce volet là a été totalement occulté en dehors de quelques anecdotes souvent d'ailleurs de bas étage.
Sans ces informations, l'opinion se guide presque à l'instinct. Chacun cherche sa grille de lecture. Au lendemain du 6 mai, cette faim de "vraies informations" risque de devenir le socle de terribles frustrations, de redoutables malentendus.
A force de passer à côté de véritables informations, progressivement naît presque le sentiment d'une campagne pour rien. Ce qui est sûr, faute de telles investigations, en cas d'alternance, la victoire serait fondée presque sur du sable. Dangereux.
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