Avant même la fin de la présidentielle 2012 par le vote du 6 mai, deux certitudes existent déjà. Les médias français sont entrés en crise ouverte et le 3ème tour sera redoutable.
Le 3ème tour sera redoutable, parce que chaque moitié de France est chauffée à blanc.
Les médias français sont entrés en crise ouverte parce qu’ils ont été les acteurs d’une campagne volée. Une campagne volée à la vérité, donc à la liberté et à la qualité du choix.
A quelques jours du premier tour, il n’était plus utile de commander des sondages pour avoir le sentiment que MLP ferait un score considérable. Il suffisait d’écouter autour de soi le nombre de personnes d’origines très diverses qui disaient « Y en a assez !« . Nous l’avions indiqué alors dans un billet et si Nicolas Sarkozy n’avait pas corrigé l’axe de sa campagne, la surprise des présents au second tour aurait pu être considérable.
Actuellement, au sujet des médias, la formule la plus répandue est : « ils se foutent de nous !« .
Le perdant de la présidentielle 2012 est déjà connu :
les médias.
Sur le plan national, les médias, à quelques exceptions près, ont été incapables de trouver une grille de reportages qui soit neuve, fraîche, dynamique, inclusive. Il n’y a que « l’oeil américain » sur itélé qui innove.
Le journalisme est resté très « convenu », comme hier, donc comme toujours.
L’opinion attendait davantage d’impertinence généralisée, des véritables questions, des véritables débats avec, si nécessaire, les chaises vides pour ceux qui ne voulaient pas y participer aux conditions fixées par les médias.
A moins de 5 jours du vote, un candidat comme François Hollande peut solliciter un vote sans donner la moindre précision sur le choix de son Premier Ministre, sur des critères des équilibres dans la composition du Gouvernement, sur la réalité concrète de mesures comme le blocage temporaire des prix de l’essence (pourquoi trois mois et pas quatre ou deux mois ? Et après le troisième mois, que se passe-t-il ? …) … : c’est un chèque en blanc qui est sollicité.
Pour Mélenchon, il faisait monter les colères avant le premier tour pour « peser sur le choix final » et le soir même du premier tour il déclare qu’il se retire sans rien … demander. Comment peser sans demander ?
Sur le plan local, la crise est là également. Prenons également des exemples concrets. Hier le Dauphiné Libéré parle du Stade des Alpes. Une pièce officielle est produite concernant un prêt. Le représentant de la Ville de Grenoble ne reconnaît pas cette pièce. La presse titre sur la … « polémique ». Il n’y a pas matière à parler de polémique. Soit la pièce produite est authentique, soit elle ne l’est pas. Cette pièce émane d’un rapport d’un commissaire aux comptes. Il peut être contacté pour s’assurer que la pièce produite correspond à son rapport.
Rien de tout cela, la présentation donnée laisse une place … au doute alors même que tout était réuni pour que la vérité claire et incontestable fasse son chemin et appelle alors d’autres questions importantes pour les finances comme pour la démocratie locale.
Prenons l’exemple de l’affaire des emplois du Conseil général de l’Isère qui seraient mobilisés à des tâches extérieures aux compétences du Conseil général. Il y a un plaignant. Nous l’avons joint la semaine dernière. A-t-il refusé une seule demande d’entretien avec un journaliste pour passer sur FR3 Alpes, France Bleu Isère … ? Non, il n’a jamais été contacté. Est-il impossible à identifier ? Son identité a été publiée, sa localisation aussi et l’intéressé est dans l’annuaire : donc rien de plus facile de le contacter.
Pourquoi il ne lui a jamais été demandé de s’expliquer sur sa démarche ? Parce qu’il a bravé un interdit et qu’il est donc le plaignant qui ne doit être … ni vu ni entendu.
C’est tout un système d’information qui est tombé avec la présidentielle 2012 sur le plan national comme sur le plan local. Et sur le plan local, il n’y a aucune spécificité iséroise.
C’est partout identique : la presse locale a maintenant un cap éditorial et un seul : le légitimisme ou comment ne pas fâcher les pouvoirs locaux (de droite comme de gauche). Quand ils sont tous à gauche comme en Isère, c’est sûr que des limites assez étonnantes sont franchies. Mais le système est global.
C’est un sytème qui est débordé par Internet.
Il est aussi débordé par la maturité des citoyens.
Ces deux facteurs amènent une ampleur particulière à la crise puisque les masques tombent chaque jour.
Le cliché qui a vocation de « collector » en est devenu le reportage de fin mars 2011 sur DSK. Canal + évoque « l’investigation totale : un an aux côtés de DSK et pas une minute sans la surveillance pour bien le connaître« . 40 jours après, cette émission devenait le comble du ridicule, de l’amateurisme pour ne pas parler de la triste manipulation. Avec les révélations du Carlton, une étape supplémentaire était encore franchie.
Le perdant 2012 est déjà connu : les médias et c’est un perdant que de droite comme de gauche il n’est possible que de regretter qu’il en soit ainsi.
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