Denis Bonzy

Affaire André Vallini ou les paris perdus des silences

La vie politique iséroise a pris un tournant. Depuis le 23 mars, officiellement et incontestablement, une crise était ouverte par la plainte engagée par un contribuable au sujet de modalités de fonctionnement de certains collaborateurs du Conseil Général de l'Isère. Une plainte reposant non pas sur des rumeurs ou sur des interprétations mais sur des attestations de vérités publiques, expresses, incontestées. A cette date du 23 mars, la crise était donc déjà née. L'enjeu était alors d'observer comment les acteurs traditionnels de la vie publique iséroise se comporteraient dans de telles circonstances.

Depuis, la communication de crise a ouvert une crise de la communication pour la quasi-totalité des intervenants.

Ce sont les paris perdus des silences. Plus ces paris durent, plus les fossés se creusent.

Première crise :


celle des médias locaux. Le "village" est planétaire du fait des nouvelles technologies (Internet, Facebook, Twitter …). Une secousse en Iran, en Egypte, en Syrie … est ressentie en Isère. Comment une secousse en Isère pourrait-elle ne pas être ressentie en … Isère ? A s'entêter dans le silence, occultant même une dépêche AFP, c'est tout le crédit des médias locaux qui s'érode chaque jour. 

Seconde crise : la crise du PS : ce sont des faits graves qui sont dénoncés puisqu'il s'agit notamment de l'utilisation partisane de fonds publics. Si les autres responsables du PS Isère ne réagissent pas, est-ce à dire que cette pratique serait généralisée à ce point ?

Troisième crise : la crise des Verts Isère : nous le voyons bien dans les commentaires qui nous parviennent. Le silence des Verts Isère (présents au sein même du Conseil général de l'Isère) est incompréhensible pour de très nombreux citoyens y compris (voire surtout) pour leurs sympathisants.

Quatrième crise : celle d'une partie de l'opposition départementale : là aussi, que de silences. Comment interpréter cette réalité ? Est-ce la même raison que celle qui peut être supposée pour le PS : une généralisation de telles pratiques ? Comment imaginer que des responsables politiques puissent rester à l'écart d'un tel débat sur l'utilisation de fonds publics ?

Cinquième crise : celle de l'institution départementale : des questions majeures peuvent être posées par un contribuable et les élus départementaux font comme si de rien n'était : pas une conférence de presse, pas une demande de réunion de la conférence des Présidents de Groupes, pas une session publique dédiée…

L'institution départementale en est à sa troisième plainte et elle considère que ce n'est pas un sujet assez grave pour qu'elle se … réunisse. C'est une situation inédite, imprévisible à ce point, totalement déconnectée de la moidre réalité de bon sens.

Que montrent ces 5 constats ? Un système de pouvoir est groggy, KO debout. Il a perdu ses repères mais il est incapable d'en trouver rapidement d'autres.

Tous ces silences sont des paris perdus d'avance. Les repères politiques classiques isérois ont explosé. Plus la lucidité tardera à faire son chemin, plus les expressions de la vérité tarderont à leur tour, plus les conséquences de cette situation nouvelle seront lourdes en 2014.

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