Remarquable note technique de l'IFOP publiée mardi sur les conséquences de la campagne "au peuple" conduite par Nicolas Sarkozy sur l'électorat frontiste.
En 7 pages, l'IFOP met en évidence les défis pour le Président sortant pour revenir à un report proche de 2007.
En 2007,
le report de l'électorat populaire frontiste a été très élevé parce que Nicolas Sarkozy a su cumuler deux qualités :
– parler à la "France qui a peur" : dossiers de la sécurité et de l'identité,
– mais aussi parler à "la France qui a mal" à son porte monnaie : projet du "travailler plus pour gagner plus".
En 2012, il a progressé ces dernières semaines à destination de la France qui a peur mais il décroche toujours auprès de la France qui "a mal".
C'est pourquoi, la recommandation d'une campagne "sociale active" semble désormais s'imposer pour se réconcilier avec les catégories ouvrières et employées dont les reports font défaut encore au second tour ce qui ouvre la voix à une victoire de François Hollande.
L'enjeu social devient une priorité absolue désormais.
Certes, les évènements de Toulouse ont fait bouger les lignes mais légèrement de façon paradoxale.
Des derniers sondages publiés, il ressort 5 tendances à surveiller :
1) Nicolas Sarkozy s'installe en tête ou proche de la tête du premier tour.
Cette situation est la résultante de trois éléments :
1a) il a bien consolidé son socle de base et fait le plein de son électorat UMP,
1b) sa tactique de fermeté lui ramène des électeurs initialement au FN (d'où une baisse de Marine le Pen dans les mêmes sondages)
1c) Mélenchon prend des voix à Hollande et s'installe à un score de 13 à 14 % inattendu il y a encore quelques semaines.
2) Hollande est à la peine dans sa campagne : sa logique du "presque Président" marche de moins en moins bien. Mais au second tour, il reste en tête dans une moyenne de 54 / 46 car il peut compter sur d'excellents reports de la part de l'électorat de Mélenchon et il récupère une majorité des électeurs de Bayrou du 1er tour.
3) La surprise est la percée de Mélenchon qui s'installe souvent dans les enquêtes en troisième position. Il siphonne l'extrême gauche, les écolos radicaux et l'aile gauche du PS. C'est donc une poussée trompeuse de la gauche puisqu'en cumulé le score global de la gauche ne bouge pas mais elle vit une recomposition intérieure sous l'effet d'un discours très offensif de Mélenchon et de la paleur des autres candidats de la gauche de la gauche.
4) Marine le Pen est en érosion forte. Elle ne trouve pas la "vague" permettant de surfer pour se maintenir à un niveau élevé soit plus de 15 %, seuil technique de la troisième place. Elle vit aussi une perte d'une partie de son électorat populaire qui part chez Mélenchon.
5) François Bayrou est également en érosion forte ne trouvant aucun thème pour se différencier. Il reste vers les 12 % revenant à des scores plus classiques qu'en 2007 où il avait bénéficié de reports de l'aile modérée du PS déçue par la mauvaise campagne de Royal.
Maintenant que l'enjeu du 1er tour se clarifie, toute la difficulté va consister à aborder le second tour sur un registre qui ne soit plus le rejet de Sarkozy, thème qui est aujourd'hui le socle de la victoire de Hollande puisque 60 % de son électorat dans les sondages votent au second tour non pas pour Hollande mais contre Sarkozy.
Par conséquent, si Sarkozy gomme les critiques sur son style, il devrait dégonfler la réserve de voix à destination de Hollande. C'est peut-être sous ce registre qu'il peut payer le prix cher d'une campagne engagée très tardivement. C'est le dernier défi pour une campagne 2012 qui resterait alors dans les annales d'une campagne commando ayant inversé toutes les prévisions.
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