Denis Bonzy

Affaires : sexe : et si Ashley avait commencé à parler …

355 étudiantes de Cambridge ont lancé une pétition pour que DSK ne soit pas « l’invité d’honneur » le 9 mars de la célèbre université britannique. Ruth Graham, porte-parole du syndicat CUSU, refuse d’offrir une « tribune » à DSK compte tenu des procédures en cours au sujet de ses comportements sexuels présumés.

S’agit-il d’un excès supplémentaire du puritanisme anglo-saxon ? Est-ce au contraire une attitude responsable qui ne fait qu’augurer une étape supplémentaire dans l’exigence de vérité et de transparence des citoyens face à des responsables publics ?

Les Etats-Unis ont à juste titre ouvert la voie sur l’impossibilité de dissocier certains comportements privés et l’exercice de fonctions publiques. Cette impossibilité devient naturelle quand des élus ou des candidats sont pris en flagrant délit de mensonges entre leurs déclarations officielles et leurs actes personnels.

Deux cas récents ont valeur d’école. Eliot Spitzer, ex Gouverneur de l’Etat de New York, avait fait de la lutte contre la prostitution son cheval de bataille. Ashley Dupré Pas un discours sans une charge féroce contre la prostitution sauf que, dans le même temps, Eliot Spitzer consacrait un argent considérable pour se payer les services de … prostituées dont Ashley Alexandra Dupré (photo ci-contre) référencée dans une agence de Washington.

Il en fut de même de Larry Craig, ex Sénateur Républicain de l’Idaho, qui menait la bataille anti-gay, jusqu’au jour où il est tombé pour avoir fait des propositions à un voisin dans les toilettes d’un aéroport.

Il y a un moment où la frontière entre le public et le privé doit tomber quand refuser de la faire tomber signifie l’acceptation d’un mensonge qui cautionne la volonté d’instrumentaliser des déclarations publiques en totale opposition avec des comportements privés.

Quand DSK avec le reportage de Canal + ouvre certains volets de sa vie privée comme l’épisode du steack qu’il prépare dans sa cuisine, s’il ouvre la porte d’une partie de sa vie privée, il doit ouvrir toutes les portes sans exception sinon ceux qui se prêtent à cette version sélective deviennent complices d’une version officielle qui ne correspond pas à toute la vérité.

Il y a des véritables délits de fréquentations. Non pas ceux qui visent des amalgames trompeurs sur des proximités politiques, professionnelles ou autres, a fortiori quand elles ont été inscrites dans un lointain passé et qui seraient instrumentalisées en permanence pour tenter de discréditer.

Il y a des fréquentations qui en disent plus long sur un tempérament que tous les reportages en « habits du dimanche ». Sommes-nous bien sûr que ces fréquentations là soient l’exclusivité d’hommes politiques américains ou exclusivement d’un ex-responsable politique PS (DSK) désormais supposé porter tous les maux de la terre en matière de vices privés ?

Dans des régions de France n’y a t-t-il pas des révélations qui changeraient en quelques secondes les « belles images » de papiers glacés que cherchent à entretenir parfois avec une extrême précaution certains donneurs de leçons ?  N’y a-t-il pas dans certaines belles villes de province des lieux, même à proximité d’églises, qui pourraient abriter d’autres « Ashley » dont les confessions seraient particulièrement instructives pour l’opinion ?

Les 355 élèves de Cambridge ont raison. Il n’y a pas de puritanisme dans le fait de refuser certaines frontières parce que la vérité ne doit pas être détournée par les frontières en question. 

Commentaires

Laisser un commentaire