L’actuel projet de tour et de densification sur l’Esplanade crée une émotion dans l’ensemble de l’agglomération. Bien au-delà d’un seul choix urbanistique, que traduit cette réalité ? C’est l’un des exemples des ratés de l’empire municipal.
Qu’est ce qu’un empire municipal ? Quand la mairie est partout et que le pluralisme est nulle part.
La mairie est partout,
voulant redessiner chaque quartier, imposer des évolutions brutales contre la volonté de ceux qui y vivent. Cette démarche est à l’opposé des relations modernes de pouvoir qui doivent être des relations d’écoute, de pédagogie, de respect, de décision partagée et non pas de décisions toutes prêtes qui tombent comme un couperet.
Si cette mentalité s’est developpée à ce point, c’est que le pluralisme est nulle part.
Nous avons assisté ces dernières années à trois disparitions graves de pluralisme.
1) La disparition du pluralisme de la presse écrite : c’est une tendance ancienne inscrite dans les réalités des années 90. Mais même des revues techniques ont disparu. Or ces revues étaient des lieux d’échanges, de réflexions, de diversité de pensées. La revue de l’Agence d’Urbanisme a perdu la créativité qui fut longtemps la sienne. La presse généraliste a disparu : Le Réveil, Le Travailleur Alpin, Les Allobroges, le Pays Dauphinois …
Ce pluralisme était une garantie d’émulation et de diversité.
C’est un échec local que cette disparition. C’est un échec national majeur que d’avoir une presse de proximité qui ne soit pas plurielle. Cette démocratie de proximité avait un prix. L’Etat aurait dû l’honorer par des aides publiques au lieu de laisser installer des monopoles aux pieds fragiles parce que, pour partie de façon incontournable, ils sont astreints à un légitimisme qui casse une partie de leur légitimité professionnelle, toutes régions confondues. Il n’y a aucune spécificité locale, loin s’en faut.
2) La disparition du pluralisme de pensées : il n’est pas possible de voter les orientations du SCOT puis de protester ensuite contre le projet de l’Esplanade. Or les orientations du SCOT qui fondent la densification des pôles urbanisés ont été votées à l’unanimité des forces politiques locales en dehors des Verts. Sur certains dossiers dont la crise des déplacements, les Verts portent une responsabilité importante. Mais force est de leur reconnaître une cohérence et une continuité de pensée que n’ont pas les autres sensibilités politiques y compris d’opposition. Les Verts ont construit une logique d’analyses. On peut la contester. Mais elle existe. Les autres partis ont trop déserté cette logique d’analyse pour se limiter à des outils de pouvoir, de désignation de candidats, d’organisation de « conquêtes » électorales. C’est cet espace vide qu’occupe désormais notamment une structure comme le Club 20.
3) La disparition des consultations populaires : un processus de confiscation du pouvoir a été progressivement banalisé. Dans les années 80, un referendum est organisé sur la question des voies sur berges. En 2010, aucun referendum n’intervient sur le projet de l’Esplanade. C’est la réalité objective comparée des faits. Qui peut défendre qu’il s’agit là d’un progrès ? En dehors de partisans sectaires du « tout lumière » à partir de 1995, cette appréciation ne peut être celle de tout observateur de bon sens.
C’est une situation grave. Elle est d’autant plus grave que la « communauté politicienne » vit de mimétisme et qu’en conséquence cette mentalité s’est diffusée dans l’ensemble de l’agglomération. La changer sera l’un des enjeux majeurs de 2014.
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