Denis Bonzy

2012 et la montée en crises

Dans la suite du billet d'hier, il importe de prêter attention à trois phénomènes pratiques aujourd'hui non observés avec l'attention nécessaire.

1) L'évolution des prêts bancaires : aujourd'hui, lors des contacts sur le terrain, la quasi-totalité des professionnels concernés du secteur public comme du secteur privé évoquent la raréfaction des prêts bancaires. Sur des projets publics,


 il devient aujourd'hui courant que des banques ne répondent plus à la demande d'emprunts. Celles qui répondent posent des taux d'intérêt élevés.

La conséquence concrète : une collectivité publique dépourvue d'une forte marge d'autofinancement va différer ses projets faute de financement.

Cette situation va considérablement impacter le BTP et tous les segments de marchés collatéraux.

2) L'entrée en récession est forte. Par conséquent, pour les budgets publics, les recettes liées à l'activité économique vont dimininuer et, dans le même moment, les dépenses liées à la couverture sociale vont croître compte tenu notamment de l'évolution du chômage. Ce "grand écart" va considérablement impacter les équilibres financiers et les trésoreries des structures publiques.

La sortie de 2012 s'avère très délicate pour les trésoreries publiques précaires a fortiori celles exposées à une charge financière courante élevée.

3) L'Etat va connaître en réalité deux années 2012 : celle du premier semestre jusqu'aux législatives de juin 2012 et celle du second semestre après les législatives. Pour des raisons différentes, ces deux années vont se ressembler : l'absence d'Etat au quotidien.

Jusqu'en juin 2012, c'est l'Etat des annonces pour tenter de panser les plaies et soutenir ce qui peut encore être soutenu. Mais entre les annonces et les réalités concrètes, en dehors de quelques sujets médiatiques éventuels, les délais sont trop courts pour que les annonces soient suivies d'effets. Après juin 2012, c'est l'Etat des mises à niveau. Si la gauche gagne, elle va présenter la situation financière "découverte" bien plus grave que l'hypothèse prévue, ce qui lui permettra, selon le "jeu politicien" désormais classique, d'effectuer des révisions "déchirantes" en les imputant à ses adversaires battus. Si la droite gagne, ce sera le temps d'effectuer les remises en ordre différées depuis 10 mois déjà et qui dépasseront de loin les ajustements ponctuels dernièrement opérés.

Cette "absence d'Etat" dans tous les cas de figures montre que, là aussi, les collectivités sans marge d'autofinancement sont vouées à l'immobilisme.

Pour toutes ces raisons pratiques, la montée en crises est incontournable. D'où la nécessité urgente pour des collectivités locales d'adopter des mesures exceptionnelles pour se préparer à cette nouvelle donne. Ce sont ces mesures qui actuellement font défaut dans les budgets locaux.

Commentaires

Laisser un commentaire