Denis Bonzy

Grenoble agglo : faits majeurs 2011 : vers une opposition nouvelle …

De façon étonnante, dans les démocraties, l'opposition est souvent peu considérée alors même qu'elle est une composante à part entière de la qualité de la démocratie. Tout opposition doit éviter trois écueils :

1) éviter de devenir "l'autre" : lorsqu'elle est ainsi baptisée ("l'autre"), c'est qu'elle est tombée dans l'indifférence, un ailleurs inconnu qui n'existe que parce qu'elle n'est pas dans la majorité,

2) éviter de s'installer dans le choix entre Dash et Ariel : cette image correspond à une double réalité lorsque les annonces priment sur le contenu et lorsque ce contenu fait que des mots différents recouvrent une réalité identique car l'opinion est incapable de dire ce qui changerait si l'opposition passait au pouvoir,

3) éviter de se bunkériser dans une logique du tout blanc ou du tout noir : une logique où tout ce qui serait effectué d'un côté serait négatif et tout ce qui relèverait de l'autre côté deviendrait la "lumière".

De 1995 à ce jour, l'opposition dans l'agglomération grenobloise n'a, selon les époques, échappé à aucun de ces écueils. Parfois même, elle a réussi l'exploit de les faire vivre en son propre sein à l'exemple d'implacables divisions internes publiques (2001-2008) où l'appartenance à des sensibilités différentes pouvait entretenir des amalgames péremptoires avec une étonnante non-correspondance entre les mots et les faits.

La naissance d'une opposition nouvelle suppose qu'elle soit capable de s'éloigner de chacun de ces trois écueils.

En réalité, depuis ces dernières semaines (sortie de l'été 2011), trois tendances nouvelles sont nées. Il est prématuré de considérer que ces tendances soient durablement installées. Mais elles ont émergé à la différence du passé.

Première tendance, accepter que l'opposition puisse être multiple et que cette diversité puisse vivre comme un atout et non pas comme un handicap. Il y a manifestement deux sensibilités : celle d'une appartenance partisane forte à un parti politique de la majorité présidentielle et celle de la société civile qui entend défendre une approche technicienne plus rigoureuse de certaines réalités incontournables. Au-delà, il y a aussi des rapports différents au passé et notamment au bilan de la période 1983-1995.

Seconde tendance, considérer que la première bataille doit être celle des contenus et non pas celle des personnalités. A plus forte raison en période de crises sévères durables, il ne peut pas y avoir de démarche sérieuse sans une approche responsable par la clarté et par la cohérences des choix sur des arbitrages majeurs (déplacements, finances, sécurité, solidarités …). Ce sont ces arbitrages de contenus qui avaient précédé les réussites de 1983 et de 1985.

Troisième tendance, la place reconnue aux véritables victoires : qu'est ce qu'une victoire ? A la différence du début des années 80 où les victoires ont été tranchées,majeures avec un sens exemplaire du collectif ; à partir de 1995, les "victoires" sont également nées de la défaite de certains au sein même de l'opposition locale. Comme si un vainqueur pouvait naître d'abord de la défaite d'un autre membre de l'opposition. Cette "culture" paradoxale de la victoire par la défaite sectorisée a été et demeurera un obstacle déterminant sur la performance de toute l'opposition donc sur l'honnêteté vis à vis des citoyens et tout particulièrement des militants. A l'opposé de ces "fausses victoires", le temps des "véritables victoires" sur les enjeux de réels pouvoirs tend à renaître.

Ces trois tendances se font jour. Le premier semestre 2012 sera très important pour vérifier s'il s'agit de naissances éphémères ou durables. Si la durabilité s'installe, une opposition locale nouvelle pourra alors se présenter aux prochains scrutins locaux dans des conditions compétitives, saines et respectueuses d'une véritable démocratie.

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