Denis Bonzy

Grenoble embouteillages : Pierre de Villard ouvre le vrai débat de fond

Dans une lettre de 3 pages, Pierre de Villard ouvre le vrai débat de fond sur les voies de circulation dans l’agglomération grenobloise. Avant de revenir sur ses propositions, trois précisions préalables s’imposent.

Tout d’abord, pour les plus jeunes générations de l’agglomération grenobloise, « de Villard » c’est une marque posée sur de nombreux panneaux. Pierre de Villard est le fondateur de cette marque qui fait référence dans l’immobilier. Pierre de Villard est une success story du temps où des entrepreneurs privés faisaient leur place dans leur métier en totale indépendance, loin des aides publiques ou des financements croisés.

Ensuite, Pierre de Villard est un tempérament. Il ne s’est jamais laissé conter d’histoires ni dans son métier ni dans la vie publique. C’est une voix libre, totalement libre.

Enfin, il incarne l’engagement d’un responsable économique dans la vie publique. Un engagement pas seulement par la voie syndicale mais aussi par la voie élective directe. Ainsi, il fut notamment Conseiller Général de l’Isère, fonction gagnée de haute lutte dans un Canton difficile et sur la base d’un scrutin personnel direct à deux tours.

Qu’écrit Pierre de Villard ? Pour l’essentiel, deux priorités :

1) il faut réaliser les tunnels qui sont dans les cartons depuis longtemps,

2) il faut réviser le rapport garage et parking / logement dans le centre ville.

Les deux propositions en question ouvrent le vrai débat de fond. Car il n’y aura pas de règlement sérieux sans regarder en face ces deux réalités :

1) le passage en surface dans l’actuelle agglomération grenobloise de voies rapides structurantes avec une forte emprise est impossible. Dès 1986, Alain Carignon avait présenté un schéma global auprès du CETE d’Aix en Provence dans le cadre de la discussion sur Grenoble Sisteron et ce préalable avait été affirmé par les responsables publics d’alors.

Par conséquent, le premier débat de fond est entre aménagements en surface ou équipements enterrés. Les équipements enterrés imposent une autre dimension financière. C’est donc toute la structure des choix financiers des collectivités locales qui doit être décidée en conséquence. Actuellement, elles n’ont ni la volonté d’ouvrir ce débat ni la capacité financière de faire ce choix.

2) Il faut restaurer une place pour l’automobile dans la ville et tout particulièrement dans le centre ville. Avec cette affirmation, Pierre de Villard a non seulement raison sur l’objet précis mais surtout sur la méthode : il ne peut pas y avoir de débat sérieux sur l’outil de communication qu’est une voirie sans une réflexion d’ensemble sur l’aménagement des espaces.

L’agglomération grenobloise doit sortir d’un double obscurantisme. D’une part, elle doit regarder en face toute son histoire contemporaine sans sujet tabou : la période 1983 – 1995 a existé. Toute la part des bilans doit être intégrée avec honnêteté, réalisme et justice. L’arbre d’un dossier ne doit pas cacher la forêt de tous les autres. Cet esprit tactique trop développé dans l’agglomération grenobloise ces dernières années à des fins exclusivement electoralistes a contribué à produire la situation actuelle. C’est très préjudiciable dans de nombreux domaines dont les voies de circulation.

D’autre part, au sein même de la gauche (rapports PS / Verts), le débat sur la place de l’automobile doit sortir d’un dogmatisme et également d’une instrumentalisation électoraliste pour aborder enfin les sujets de fond.

Il est tard. L’asphyxie et la colère sont là. Des propositions claires doivent être formulées. Elles contribueront grandement aux choix de 2014 car le mécontentement de l’opinion est grand sur ce dossier tout particulièrement. 

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