Denis Bonzy

Grenoble agglo : face à une tempête force 10

La réaction des marchés face aux mesures sur la dette fédérale américaine montre que la question de la dette publique vient de changer de dimension. Cette réaction rejoint celle d'experts universitaires indépendants à l'autorité technique reconnue. Un avis de tempête force 10 est annoncé sur les économies occidentales.

Aux Etats-Unis, le tournant a été la publication de rapports du CBO (Congressional Budget Office), un organisme indépendant aux compétences reconnues. Que disent-ils pour l'essentiel ? Au rythme actuel, la dette fédérale américaine atteindra 190 % du PIB dans 30 ans alors qu'elle est aujourd'hui à 70 % du PIB. Ce n'est donc plus possible de continuer.

Ce bureau a développé une argumentation simple mais imparable : la dette est le montant des déficits cumulés. Il ne faut pas confondre le robinet et l'évier. Les déficits sont le robinet. Il est question que le robinet coule moins. Mais la dette, c'est l'évier et l'évier est déjà plein. Donc la question n'est pas que le robinet coule moins mais que l'évier commence à se vider …

Or aujourd'hui, le seul débat est "hors sujet" puisqu'il ne porte que sur les conditions pour que le robinet coule moins dans un évier … déjà plein !

Par définition, il y a impasse.

L'alternative n'est plus entre la catastrophe d'une notation et la continuation de l'Etat providence. L'alternative est entre les mesures radicales urgentes et le choc encore plus massif à court terme.

Ce débat vient d'être livré dans des conditions techniques remarquables aux Etats-Unis. Le compromis retenu risque de provoquer deux conséquences :

– il ne calme pas les marchés,

– bien davantage, il les inquiète parce que les marchés ont maintenant un double sentiment : l'impuissance du pouvoir politique à s'attaquer aux questions de fond et pour autant des compressions budgétaires qui vont handicaper toute relance voire même engager un processus de récession. Comme les autres économies occidentales sont des wagons de la locomotive US, cette évolution ne peut qu'inquiéter.

Ce débat sur le fond, c'est la fin des périmètres classiques de l'Etat Providence. Si la crise s'amplifie, il ne sera plus possible de concilier la chute des recettes et le maintien des dépenses habituelles.

Les collectivités locales françaises déjà exposées à une double tenaille (fort niveau d'endettement + fort niveau d'imposition) entrent donc en zone rouge dans ce contexte global.

C'est le cas de la Métro et de la Ville de Grenoble. Une zone rouge qui peut être encore aggravée par des emprunts toxiques qui exposeraient à une forte poussée des taux. Sur ce point, il serait quand même élémentaire que les contribuables disposent de plus d'informations précises. La Chambre Régionale des Comptes a dénoncé un montant élevé d'emprunts toxiques. A quoi serviraient par exemple des conventions de couverture de risques financiers passées avec des établissements parfois controversés comme DEPFA BANK ou RBS s'il n'y avait pas de risque donc par définition pas … d'objet desdites conventions ?

Dans une période de crise de ce type avec la seconde tempête qui s'annonce, le rôle des collectivités locales est d'alléger l'imposition pour maintenir du pouvoir d'achat donc de la consommation.

Il est aussi de maintenir un niveau élevé de grands travaux pour soutenir l'activité économique.

Il serait nécessaire que la visibilité porte sur des explications sérieuses de ce type plutôt que sur les estivales du coin de la rue. L'actualité récente a déjà fourni une liste longue de réveils douloureux. Personne ne peut souhaiter que cette liste s'allonge encore…

Commentaires

Laisser un commentaire