Denis Bonzy

J – 527 : 2012 : une campagne de cris

La présidentielle française 2012 s'annonce très singulière.

1) L'opinion baigne actuellement dans une ambiance permanente de tensions et de violences qui ressemble à une sorte de crise collective de nerfs.

2) Les médias classiques ont tellement le nez sur le guidon qu'ils sont peu en prise avec les tendances profondes de l'opinion.


Caricaturalement, ils sont même assez systématiquement à contre-courant de l'opinion. Ils ont une circonstance atténuante : dès que l'opinion pense être instrumentalisée, elle se révolte contre le politiquement correct qu'elle perçoit comme imposé.

3) Les partis classiques sont totalement démonétisés. L'UMP voit ses adhérents fondre comme neige au soleil. Le désir de libéralisme a disparu mais le désir de socialisme n'existe pas pour autant. Ce week-end, le sondage IFOP sur la récente crise sociale révélait que 29 % des français font confiance au PS pour revenir sur l'âge de la retraite et le rétablir à 60 ans en cas de victoire en 2012.

4) Le peuple va vouloir dynamiter l'élite dans tous les domaines. Même dans les jurys d'émissions populaires destinées à faire émerger des "stars", le jury est pris à partie dans des conditions sans précédent par des candidats qui ont été récusés. Dans la vie publique, la crise va emporter une génération de responsables politiques qui ont cumulé deux défauts :

– ne pas résoudre la crise,

– alors même qu'eux étaient perçus comme ayant échappé à cette crise.

L'actuelle question sur la déclaration de Dominique de Villepin est "hors sujet". Le véritable sujet est : Nicolas Sarkozy pourrait-il aujourd'hui faire campagne sur le terrain ? Il n'est pas certain de pouvoir répondre oui.

Là aussi, prenons un exemple de la vie de tous les jours. Hier, à 13 heures 30, sur une émission d'Europe 1, un éminent professeur en matière de santé se bat contre le tabac. Quel est son argument ultime ? Il expose l'argument suivant : "le Président Sarkozy vient d'augmenter le prix du tabac pour remplir les caisses. Ne lui faites pas plaisir en achetant des cigarettes et en cautionnant sa politique". L'anti-sarkozysme deviendrait même répulsif contre le tabac …

C'est une campagne de cris qui s'annonce. C'est un style particulier. La campagne des crises va mettre en crise les campagnes traditionnelles parce que l'opinion veut sa revanche et elle veut ouvrir non pas une nouvelle page mais un livre neuf.

Commentaires

Laisser un commentaire