Denis Bonzy

Et si Nicolas Sarkozy était en train de gagner 2012 …

La question peut paraître provocatrice au moment où la mode est à décréter de façon quasi-généralisée la "mort politique" de Nicolas Sarkozy. Ce constat répond-il à l'épreuve des faits actuels ? Il est sérieusement permis d'en douter pour 4 raisons.

1) En radicalisant les relations entre la droite et la gauche, Nicolas Sarkozy fait naître une bipolarisation extrême de la vie politique.


Cette bipolarisation conduit à un choc frontal droite contre gauche et fait disparaître les autres espaces dont le centre. Il s'installe en "champion de la droite" et à ce titre vise à conforter sa première place du premier tour.

2) Au moment où intervient cette radicalisation globale, la gauche se radicalise en son sein. Les déclarations de Mélenchon, Montebourg … donnent un visage sectaire qui éloigne la gauche du centre. La position de la gauche sur les grèves la ramène aux années Mitterrand avec des visages qui incarnent tout sauf la modernité (Mauroy, Fabius, Emmanuelli …). Si ces personnalités là étaient populaires, cela se saurait depuis longtemps. La gauche 2010 est à nouveau le poing et la rose tandis que la gauche 2006 était le drapeau national mais surtout pas … le poing et la rose.

3) Cette gauche radicale n'a pas gagné la bataille de sa crédibilité ; bien au contraire. Elle peut faire vivre un désir de colère mais pas un désir d'élection car l'opinion sait, à tort ou à raison, que les mesures proposées ne sont pas dans la logique du possible.

4) Bien davantage, il n'y a pas une gauche mais des gauches avec une partie "ultra" qui représente plus de 15 points d'intentions de votes (PdG + Verts). Comment intégrer cette partie ultra dans un programme réaliste de gouvernement ?

En mai 2007, Sarkozy a gagné largement parce que la gauche déjà peu crédible avait perdu des couches classiques de son électorat dont les ouvriers où Sarkozy avait devancé Royal !Vote sarkozy mai 2007

Le style Sarkozy désépère mais dans la course à la moindre détestation il n'est pas sûr que le visage actuel de la gauche ne désépère pas encore davantage que les écarts présidentiels ?

Commentaires

2 réponses à « Et si Nicolas Sarkozy était en train de gagner 2012 … »

  1. Avatar de Michel
    Michel

    Je ne suis pas sûre que la victoire au printemps 2012 soit au rendez-vous! Car si Sarkosy a pour lui la volonté, le dynamisme et un certain courage il aura contre lui son bilan et une posture politique pour le moins équivoque..
    La radicalisation du discours à gauche stigmatise l’impuissance de la majorité à régler les problèmes essentiels des français, chomage, pouvoir d’achat, impots, sécurité…La posture du Président souvent provocatrice exacerbe cette stigmatisation. Les mesures sécuritaires prises par le Gouvernement cet été en sont un exemple flagrant. Fin juillet une majorité de français soutenait les mesures présentées par le président lors de son « discours de Grenoble »! Comment dès lors expliquer le revirement d’une opinion publique qui lui était à priori acquise? La stigmatisation de l’opposition sur une éventuelle « dérive sécuritaire » a finalement porté ses fruits, le « démembrement » des Roms médiatisé à outrance n’a fait qu’amplifier le phénomème! Le sentiment général est une déception d’autant plus « cruelle » qu’une majorité de français pensait que Sarkosi était « l’homme » de la situation et qu’il serait en capacité de faire évoluer favorablement leur situation. Sarkosi nous annonce une grande réforme fiscale mais quid du bouclier fiscal et de l’ISF. Supprimer le bouclier fiscal est une bonne chose si l’ISF est également supprimé! J’imagine déjà la levée de boucliers de la gauche unie….

    J’aime

  2. Avatar de Christin Bec
    Christin Bec

    Nicolas Sarkozy sera-t-il réélu Président en 2012 ?
    Il ne m’appartient pas à deux ans des élections présidentielles d’avancer un pronostic. En politique, rien n’est jamais acquis. Les politiques subissent à la fois les événements et un niveau de versatilité encore jamais atteint de la part de leur électorat.
    Néanmoins, en tant que simple observateur, je propose l’analyse suivante :
    Des sondages défavorables à Nicolas Sarkozy.
    Je rappelle que les élections ne se gagnent pas avec les sondages. Et d’ici là, les réformes nécessaires et impopulaires porteront leurs fruits et il sera difficile d’attaquer Nicolas Sarkozy sur son bilan.
    La gauche brille par une absence chronique de propositions. Sa seule méthodologie pour construire le débat politique consiste à pratiquer à outrance l’antisarkozysme. Au-delà du manque d’élégance, cette attitude est stérile. En l’absence de propositions de la part de la gauche, les sondages sont à interpréter avec précautions. Pour preuve, les Français qui ne font plus ou pas confiance à la droite ne font pas davantage confiance à la gauche.
    Nicols Sarkozy : le candidat sortant.
    Cette étiquette de sortant lui permettra de se présenter comme un professionnel de la fonction présidentielle. Il sera le candidat ayant réussi à endiguer les crises financière, économique et sociale. On pourra contester la forme et la personnalité du Président mais pas son bilan. Volontaire et volontariste, il a refusé l’immobilisme, bousculé les mentalités et impulsé les réformes utiles à notre pays.
    La double présidence du G8 et G20 permettra de restaurer l’image du Président
    Son style redeviendra naturellement plus « présidentiable ». Il faut admettre que depuis la fête au Fouquet’s le soir de la victoire, suivie du voyage sur le yacht de Vincent Bolloré, l’image de Nicolas Sarkozy est écornée. Les citoyens retiennent la forme plus que le fond. C’est regrettable… Les turbulences de la réforme des retraites passées, la double présidence du G8 et G20 permettront de
    « représidentialiser » le chef de l’État. Cette séquence internationale sera sans aucun doute très favorable au Président.
    Son dynamisme, ses idées, son talent et son énergie lui permettront à nouveau de rassembler autour de sa candidature.
    L’unité de l’UMP autour de Nicolas Sarkozy.
    En vue de la présidentielle, l’unité de l’UMP sera totale autour de Nicolas Sarkozy. Ceux qui le critiquent aujourd’hui le soutiendront demain. On retrouvera alors une majorité présidentielle en ordre de marche et toute dévouée à son candidat. Il deviendra légitimement le candidat incontestable de la droite pour 2012. Une fois la machine « UMP » et la campagne lancée, il sera le seul à défendre un bilan riche de promesses tenues. Il suscitera encore une adhésion systématique et quasi-pathologique d’une base incompressible d’adhérents au « Sarkozysme ». Il restera enfin à remettre l’UMP en route avec des idées nouvelles.
    Séduire l’électorat centriste.
    Nicolas Sarkozy doit donner des signes forts aux centristes (voire même à l’aile droite de la gauche). Ce premier signe pourrait être la nomination de Jean Louis Borloo à la succession de François Fillon. Les centristes et les idées qu’ils défendent ne peuvent être gommés du paysage politique et encore moins de la stratégie électorale de Nicolas Sarkozy, même dans l’hypothèse d’une bipolarisation de la vie politique. Ce réservoir de voix est indispensable dans l’hypothèse d’un deuxième tour. Pour ma part, je ne suis pas persuadé qu’une alliance entre l’UMP et ses alliés dès le premier tour pour créer une dynamique et l’emporter au second soit satisfaisante. Les centristes ont besoin d’exister et de se différencier de l’UMP dans la perspective de 2012.
    Les électeurs du centre seront d’autant plus utiles à Nicolas Sarkozy qu’il a perdu une partie des électeurs du Front national. Peut-il les récupérer en deux ans ? Cela paraît difficile. Cet électorat lui reproche toute une série de maladresses, un activisme excessif et des effets d’annonce sans lendemain.
    Une gauche désunie et une politique fiction.
    Un semblant d’unité semble avoir ragaillardi le PS. Qu’en restera-t-il à l’issue des primaires. Une gauche désunie incapable de présenter une candidature cohérente et fédératrice. Ainsi, face à l’inertie conjuguée du PS, il est presque impossible d’imaginer l’après-Sarkozy.
    Le parti socialiste est dans l’incapacité de rentrer dans le débat public et politique. A ce jour, seul Dominique Strauss Khan et François Hollande sont crédibles. Le premier pour avoir reconnu la nécessité économique de reculer l’âge de la retraite à 62 ans. Le second pour avertir que le PS devra construire son programme à partir de propositions réalistes loin de l’angélisme habituel du PS. La politique fiction ne trouvera plus sa place lorsqu’il s’agira d’expliquer aux Français le financement des réformes proposées. On peut d’ores et déjà imaginer des slogans du type « travailler moins et gagner plus, « travailler moins longtemps et taxer les revenus pour financer les retraites », « supprimer le bouclier fiscal ». Sur ce dernier point, il est fort à parier que le gouvernement trouvera une solution lui permettant à la fois de supprimer le bouclier fiscal et l’ISF.
    D’autre part, la gauche qui incite la jeunesse à descendre dans les rues contre la réforme des retraites est irresponsable et dangereuse. Elle reste sur des positions grotesques et indéfendables. La mauvaise foi et le mensonge sont ses seuls vecteurs de communication. La gauche française est devenue archaïque faute de faire sa révolutions, de bousculer ses dogmes et d’accepter que le monde bouge et qu’il est indispensable de proposer des idées nouvelles.
    La sortie de crise perceptible et la reprise de l’emploi renforceront la campagne du Président sortant.
    Christian Bec

    J’aime

Laisser un commentaire