Denis Bonzy

L’information « esclave » : la nouvelle crise ?

Le PS présente actuellement ses réquisitions contre TF1. Ce serait le procès d'une chaîne conservatrice qui aurait transformé l'art d'informer en déséquilibre permanent d'opinions engagées.

Où l'art d'informer existe-t-il encore actuellement ?


Cet art serait une sorte de sympathique bluette avec des journalistes au-dessus de toute opinion qui seraient les ultimes "directeurs de conscience" ou du moins les témoins de vérités qu'ils ne peuvent cacher pour servir le bon fonctionnement de la démocratie…

Plus personne ne croit à ce roman. Ce triste constat est le résultat d'années de déceptions puis d'un réveil de l'opinion.

Sur le plan de l'information de proximité, les journaux papiers en situation généralisée de monopole passent les plats aux pouvoirs locaux dans des conditions où l'absence de dignité accompagne l'esprit du "no limit".

Sur le plan national, la presse papier est entrée dans le cycle de la presse d'opinion. Elle ne le dit pas mais elle ne le cache pas non plus. C'est le cas des quotidiens comme des magazines.

Pourquoi la presse audio-visuelle échapperait-elle à cette logique ? Il suffit de comparer le ton de la matinale de Canal + avec les infos de France 2 pour voir que dans le premier cas le choix est expressément clair comme dans le second il réside davantage dans la sélection des sujets.

Cette évolution est le résultat de trois facteurs :

– l'affirmation du caractère économique de l'information qui est une entreprise "comme les autres",

– la perte de la "référence" dans le traitement même de l'information,

– surtout, des lecteurs, des télé-spectateurs, des auditeurs qui vont chercher dans l'information ce qu'ils veulent y trouver.

C'est ce dernier phénomène qui est à la fois le plus important et le plus grave. L'information est devenue "bonne ou juste" qu'à la condition qu'elle serve la croyance initiale de "l'informé". La part du subjectivement possible a emporté celle de l'objectivement certain.

En attaquant TF1 actuellement, le PS participe à ce jeu qui vise à décrédibiliser l'info venant de TF1 pour l'ancrer dans une image de partialité qui l'éloigne de tout attrait pour les militants PS.

Cette évolution n'est pas propre à la France ; bien au contraire. Ce qui est particulièrement grave en France c'est que le pluralisme d'informations est faible, voire même parfois inexistant. Or, désormais, c'est ce pluralisme qui est la barrière et non plus l'éthique de l'équilibre au sein même d'un support. C'est par faiblesse de pluralisme que la situation française va poser question.

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