Denis Bonzy

France d’en bas contre France d’en haut : le retour

C'est probablement la première fois que les sondages occupent une place aussi importante dans la vie politique Française.

Ils occupent actuellement trois fonctions :
– outils de décisions par une systématisation des pré-tests,
– outils de connaissance de l'opinion dans la phase post-décision,
– outils de structuration de l'opinion par une mise en scène qui favorise la grégarisation de l'opinion.

C'est ce dernier volet qui mérite une attention privilégiée.

La grégarisation de l'opinion, c'est la collectivisation du commentaire. La connaissance de l'opinion des autres entraîne un mécanisme de conformité, voire même d'uniformisation de certains groupes sociaux.

C'est ce phénomène qui a conduit initialement à l'interdiction de la publication des sondages dans la dernière ligne droite de certaines élections dont la présidentielle.

Le sondage pèse sur l'opinion parce qu'à la différence du débat politique qui repose sur le principe même de la contradiction, le sondage est paré de l'objectivité scientifique.

Il bénéficie donc d'un effet de fascination et d'entraînement.

L'UMP a construit en quelques semaines un débat politique entièrement renouvelé avec pour colonne vertébrale la sécurité qui annonce une logique à terme de campagne sur la division entre la France d'en bas et la France d'en haut. Mais le pouvoir s'autoproclame le porte parole de la France … d'en bas.

Les sondages, comme pseudo-science, épargnent la réflexion individuelle ou la "libèrent". Ils sont un outil pour installer l'affirmation de la pensée de la "France d'en bas".

La pré-présidentielle est bien engagée sur des bases nouvelles puisqu'une formation politique se positionne en porte parole de l'opinion contre les autres forces d'alternance vidant de ce fait toute place au débat contradictoire classique.

Surtout, ce qui est étonnant c'est que les leaders d'opinion ne croient pas à la défaite de Nicolas Sarkozy. Même si les sondages le montrent fragilisé, presque tout le monde est persuadé que le battant va retrouver tout son savoir-faire de candidat pour l'emporter.

Le climat actuel, c'est :

– la gauche ne tiendra pas la distance,

– Eva Joly sera trahie par son accent,

– Villepin n'est qu'un caillou dans la chaussure de Sarkozy,

– Marine le Pen se révèlera outrancière,

– bref : la France serait "condamnée" à la victoire de Sarkozy.

De plus, comme la vie politique c'est n'est plus les partis politiques classiques (UMP, PS, Verts…) mais les "nouveaux partis " : TF1 + France Télévision + Groupe Lagardère + Groupe Dassault = un seul et même candidat (Sarkozy) : comment perdre dans ces conditions ?

C'est donc un climat assez irréel qui s'installe :

– la France d'en haut entend parler au nom de la France d'en bas,

– tandis que la France d'en bas exprime une instatisfaction que la France d'en haut ne veut pas croire ou même comprendre à terme.

C'est un attelage bien étonnant à terme.

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