David Plouffe est le manager de la campagne 2008 de Barack Obama. Lors d'une soirée récente pour une collecte de fonds, il a exposé plusieurs thèmes qui méritent un intérêt technique majeur. Ses remarques sont loin d'être sans effet sur la politique française.
1) Il a indiqué que la base électorale de 2008 avait beaucoup bougé territorialement. Un pourcentage significatif d'électeurs a changé d'Etat depuis.
2) La base 2008 ne peut servir de matrice pour 2010 car par ailleurs des électeurs mobilisés pour la "cause particulière" d'Obama en 2008 pouvaient rejoindre des comportements électoraux plus classiques dans d'autres circonstances a fortiori quand ces circonstances ne mettent pas en jeu la personnalité même d'Obama.
3) Les Démocrates ont peu de chances de gagner sur le thème de l'économie tant les Républicains sont classiquement "dominateurs" sur ce terrain auprès de l'opinion. Par ailleurs, la reprise modérée de l'économie ne permet pas de changer la donne à court terme.
4) Il paraît probable que la Chambre des Représentants soit gagnée par les Républicains. C'est presqu'une évolution "naturelle" tant le contexte de 2008 avait été particulier.
5) Tout l'enjeu consiste à effectuer le bon choix sur … le choix. L'élection se simplifie et tourne au referendum de fait. Par conséquent, l'enjeu stratégique consiste à amener l'opinion à devoir répondre à une question pour laquelle l'offre démocrate est perçue comme la meilleure.
Dans ce cadre là, la conviction par la proximité va prendre une importance particulière non seulement par la force d'Internet mais aussi par la perte de confiance qui impacte les relais politiques classiques.
Les dernières déclarations de Nicolas Sarkozy à Grenoble semblent très directement inspirées par cette logique de la stratégie du choix.
Le "grand thème central" de 2012 risque probablement de décider du vainqueur de 2012 tant désormais l'opinion simplifie son acte de vote.
Si c'est le profil de "shérif" face à la délinquance galopante qui domine, le choix de l'opinion risque d'être significativement différent que dans l'hypothèse où le profil dominant recherché serait celui de "redresseur de l'économie", de "gestionnaire rigoureux des finances publiques", de "protecteur face à la crise", ou de "défenseur de la cohésion nationale" …
Dans cette logique, ce qui est surtout à souhaiter c'est que l'opinion s'interroge préalablement sérieusement sur l'objectif à atteindre et ne se contente pas de regarder le doigt de ceux qui lui indiqueraient une direction parmi d'autres.
En déclarant la "guerre à la délinquance", Nicolas Sarkozy a habilement cherché à amener ce thème central sur le terrain qui est son "ADN politique". Certes son bilan est perçu comme mitigé. Mais la question n'est pas tant celle de l'appréciation du bilan. Il est celui qui est encore perçu dans ce domaine comme l'ultime rempart : "avec lui c'est pas terrible, mais ce serait encore pire avec un autre".
L'opinion a toujours tendance à penser que si Sarkozy ne réussit pas comme elle le souhaiterait, il n'en demeure pas moins que ce serait pire avec un autre. Sur la base de cette "valeur différenciée" là, le Président sortant veut installer ce thème en courant central pour 2012. Pour l'instant, en réorganisant le débat autour de son programme, il est assez bien parvenu à ses fins pour le moment du moins. Ses challengers vont devoir, sur ce courant là, rapidement donner une grille de lecture performante pour conduire le Président sortant sur d'autres terrains.
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