Denis Bonzy

La République actuelle ou l’âge des rages

Hier, le Secrétaire d'Etat au Logement, Benoist Apparu, visite à Cayenne le quartier du Mont Baduel. Devant l'ampleur et la gravité d'habitats insalubres, il pique une rage devant les journalistes pour dénoncer le "scandale". Et il énonce la liste des scandales devant les journalistes : le dispositif du guichet unique n'est toujours pas installé, le territoire en question recevrait des fonds pour construire 1 200 logements par an mais il n'y aurait que 500 logements réellement construits … Et le Secrétaire d'Etat de dresser la liste des scandales graves qui expliquent sa colère, sa rage.

La rage devient ainsi l'attitude à la mode : même le plus doux peut devenir agressif.

Benoist Apparu fait semblant de découvrir alors même que des représentants de l'Etat sont là en permanence pour l'informer et qu'il parle du bilan de la majorité qu'il représente au moins depuis trois ans, voire probablement depuis 2002 c'est à dire 8 ans.

Tout ce passe comme si le pouvoir a le sentiment que la colère populaire couve désormais et que la seule façon de la neutraliser c'est de l'anticiper : gesticulations, effets de mentons, nouveaux mots, ton plus fort que d'ordinaire, nuances laissées aux vestiaires …

Dans de nombreux métiers qui ne peuvent se permettre le luxe de l'inaction durable, la sagesse veut que celui qui ne sait pas résoudre un problème fait partie du … problème.

Avec un bon sens élémentaire, l'opinion se rapproche de cette sagesse.

Comment reconduire la confiance à des détenteurs d'autorité qui ne seraient responsables de rien même pas des échecs manifestes alors même qu'ils ont bénéficié de la durée nécessaire pour au moins tenter d'agir ?

Cet état d'esprit semble bien ouvrir un nouvel âge de la vie publique française : la menace d'explosion après la phase de dépression.

Il est vrai qu'en dehors des mots et souvent grâce à une confusion astucieusement entretenue dans la répartition des compétences des uns et des autres, des ministres ou des élus affichent un bilan concret particulièrement mince. Même dans la neige, il ne serait pas établi que leur bilan laisse la moindre trace.

Il n'est plus sûr que les temps difficiles actuels permettent de hausser le ton mais après de toujours se croiser les bras …

 

 

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