Il est actuellement beaucoup question de déplacements de responsables UMP à Londres pour rencontrer des membres de l'équipe de campagne de David Cameron qui auraient conçu la campagne 2010 dans la logique de la "nudge attitude".
Pour le parti présidentiel sortant, le salut serait désormais dans la "nudge attitude". Cette doctrine vise à mettre en scène des choix plutôt qu'à ordonner des comportements.
Un exemple précis est souvent donné comme un succès exemplaire : la mouche dans les urinoirs. La bataille pour la propreté est quasi-généralement perdue dans ces lieux. Mais dans certains urinoirs pour hommes, une mouche a été gravée dans les urinoirs. Les hommes préoccupés à la viser respectent alors automatiquement la préoccupation de propreté sans même se poser la question.
Le mot "nudge" vient de "to nudge" : pousser quelqu'un du coude.
Cette logique de l'économie comportementale devient à la mode. La politique ne résiderait plus tant dans la mesure que dans la mise en scène des choix. Les conservateurs britanniques auraient contruit leur programme 2010 sur cette logique ; d'où la mission qui aurait été dernièrement dépêchée à Londres par l'UMP.
Cette culture trancherait brutalement avec l'interventionnisme énergique du programme 2007 et serait supposée réconcilier un Président "plus doux et cool" et une société plus mature avide d'autonomie.
Cette logique s'inspire également de l'esprit de globalisation : "nous devons aller dans tel sens car regardez autour de vous, ils font aussi ainsi".
Cette logique installe une nouvelle forme de pensée unique qui revient à une dépossession grave des citoyens.
Lors de son intervention du 12 juillet, Nicolas Sarkozy a commencé dans cette voie qui manifestement inspire "la pédagogie" de la réforme des retraites.
Je suis loin d'être convaincu que cette approche supposée rationnelle corresponde à la culture du débat français. J'ai même plutôt tendance à penser le contraire car cette "logique" entre en choc avec deux données majeures : la notion de modèle et la liberté du citoyen.
Le citoyen français, héritier de 1789, se veut libre. Dès qu'une logique, fut-elle parée des habits de la "raison", est perçue par lui comme imposée, il se réfugie dans un réflexe rebelle.
Mais surtout, le citoyen français a été "élevé au lait de la notion de modèle". Il existerait des pans entiers où la France serait singulière. La globalisation nie cette singularité.
Pour ces deux raisons, il m'apparaît possible de douter de l'efficacité de cette nouvelle grille de lecture qui pourrait s'avérer, appliquée à la vie publique française, un réel hors jeu culturel.
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