Il y a actuellement une émancipation face à l’exigence de vérité qui pose des questions majeures.
Prenons des exemples concrets :
– les statistiques sur les voitures brûlées dans la nuit du 14 juillet ne sont plus livrées à l’opinion publique pour le motif officiel de ne « pas célébrer un comportement malsain« .
Comment oser prétendre qu’un chiffre cautionnerait un « comportement malsain » et, sur la base de ce schéma, combien de chiffres auraient alors vocation à être supprimés ?
– pendant trois semaines, l’opinion publique française se passionne pour les tensions au sein de l’équipe de France de football. La compétition finie, l’instance compétente, la FFF, n’a toujours pas engagé la moindre enquête officielle interne pour donner une explication reposant sur des faits sérieux,
– la dernière intervention présidentielle (12 juillet 2010) est parsemée d’inexactitudes parfois importantes à l’exemple des conditions de suppression de l’IGF en Allemagne ou sur les conditions techniques de responsabilité pénale éventuelle de parents pour des fautes commises par leurs enfants mineurs. Il y a déjà beaucoup à dire sur le fait que le journaliste n’ait eu ni la volonté ni la compétence pour relever sur le vif au moins certaines d’entre elles. Mais à l’exception de deux magazines, les grands médias n’ont pas eu le sentiment que ces inexactitudes méritaient d’être corrigées.
Progressivement, la vérité sort du débat public.
C’est le cas sur le plan national. Ce mauvais exemple produit des conséquences encore plus extrêmes sur les plans locaux où désormais tout peut être instrumentalisé en mettant la vérité des chiffres, celle des déclarations, celle des faits au vestiaire dans des conditions stupéfiantes.
Il y a là une évolution culturelle très inquiétante.
L’opinion peut être indulgente face à une erreur, même face à une faute. Mais elle devrait toujours être implacable face à un mensonge.
Une erreur fait partie de la nature humaine. Une faute reconnue montre que l’auteur a effectué un travail sur lui-même qui laisse prévoir un comportement différent à l’avenir. Mais le mesonge, c’est la garantie de l’opposé de tout cela. Or, force est de constater que la vérité devient presque en terre inconnue dans la vie politique française ou pour le moins en terre étrangère.
C’est une situation gravissime ce d’autant plus que les contre-pouvoirs sont peu nombreux et faibles. Une structure comme Moveon.org aux Etats-Unis lutte pour faire vivre des causes dont celle de la vérité. Elle effectue des collectes importantes pour mener des campagnes d’informations. En France, de telles structures font défaut comme si la vérité pouvait durablement être rangée au rang des … simples accessoires.
Laisser un commentaire