Denis Bonzy

Deux démissions pour rien ?

Ce week-end a apporté 5 faits qui méritent une attention particulière.


1) Les 27 % de participation à la législative partielle de Rambouillet : les partielles se suivent dans la discrétion. Elles ont pourtant deux constantes. D’une part, elles se soldent très souvent par l’échec de l’UMP. Mais d’autre part et surtout, elles subissent des records d’abstention.


Les bases ne suivent plus.


2) Le report de l’AG des clubs Désirs d’Avenir de Ségolène Royal : ce report a été décidé au dernier instant (vendredi). Il s’est accompagné d’une organisation partielle destinée à « sauver la face » alors même que des incidents pratiques sont intervenus. C’est le second report de ce type. Le premier avait concerné la date du 19 juin. Là aussi, c’est un constat de démobilisation.


Cet incident montre a contrario la performance du Club Villepin qui est parvenu à réunir 6 500 personnes à mi-juin (voir vidéo ci-dessous) quand la démobilisation règne de tous côtés y compris dans le dispositif d’une ex-candidate à la présidentielle qui a incarné encore dernièrement près de 50 % des votes du PS.


3) Les deux démissions de membres du Gouvernement : elles interviennent dans l’indifférence car l’opinion se dit : « et les autres ? ». Ce n’est pas une nouvelle étape qui est créée mais le sentiment de la demi-mesure. Il n’est plus question d’insatisfaction mais d’exaspération. Par conséquent, les mesurettes ne suffisent plus.


4) Martine Aubry parle de « République abîmée » : elle vient sur le terrain conceptuel de l’ancien Premier Ministre. Faire de l’actuel climat un enjeu de République c’est partager ou accompagner le diagnostic de Dominique de Villepin puisque la marque même de son parti porte la mention de République.


5) Christine Lagarde parle de « ri-lance » et fait un flop total : qu’en période de pleine crise économique, le diagnostic de celle qui a vocation à incarner la lutte contre la crise ne fasse même plus les … seconds titres révèle un niveau généralisé de flottement inquiétant.


A quoi tiennent pour partie tous ces faits : nous assistons à la montée des inorganisés.


Le pouvoir est fâché avec l’opinion parce qu’il lui donne le sentiment de ne s’intéresser qu’aux puissants. Ce n’est pas la démission de deux « seconds rôles » qui va changer ce sentiment.


L’opposition s’intéresse aux faibles mais elle semble procéder par ségrégation. Elle s’intéresse aux faibles mais pas à tous les faibles. Il faut appartenir à l’un des noyaux durs de ses ancrages sociologiques classiques.


Mais les autres, le grand nombre : les inorganisés ?


Ce grand nombre observe. Il reste à la traîne. Il s’approche progressivement d’une émancipation d’un état de soumission ou de résignation. Le dossier Bettencourt a peut-être été « la goutte de trop », le détonateur ? 


Si c’est le cas les deux démissions sont pour rien et le doux sable d’été ne fera pas oublier que le couvercle menace maintenant de sauter.


http://www.dailymotion.com/swf/video/xdx6mm

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