Après la Vendée, le Sénat a dénoncé hier des défaillances graves dans les dispositifs de traitement des crues fortes suite au drame du Var.
Ces situations traduisent la crise d’un système de pouvoir qui privilégie trop l’immédiat, la communication et surtout les travaux qui se voient tout de suite.
Sur de nombreux dossiers, les collectivités locales font dans l’immédiat. Or la prévention des risques naturels repose par définition sur des travaux à long terme.
Ce sont souvent des travaux qui ne se voient pas durablement. Des nouvelles canalisations à gros diamètre sont oubliées sitôt recouvertes. Des travaux sur des berges concernent souvent des lieux peu fréquentés. Toutes ces réalités pèsent lourd dans les arbitrages budgétaires.
Ces mesures sont fragilisées par la « culture de la communication » qui veut que l’élu local soit devenu le « gentil organisateur » des animations locales avec le retour à la « formule de base : du pain et des jeux ». Le « pain », c’est une multitude de subventions qui ont créé une toile généralisée de clientèlisme. Les jeux ce sont les efforts considérables accordés aux sports, aux animations diverses, aux évènements exceptionnels, aux cérémonies les plus variées …
A quelques rares exceptions près, les collectivités locales ne gèrent plus les travaux lourds structurants à long terme. Hier, la mode était à la gestion dite du « bon père de famille ». Aujourd’hui, c’est la mode du « copain qui fait vivre la fête ». En quelques décennies, la vie locale est passée d’un extrême à l’autre.
Ce climat ne concerne pas que des villes exposées à des crues exceptionnelles. C’est une situation globale : là des barrages ne sont plus entretenus. Ailleurs, ce sont des protections naturelles qui sont bouchées et ne joueront plus leur rôle en cas de fortes pluies.
Cette réalité ne concerne pas que la protection contre les risques naturels. C’est un décalage généralisé. Le retard dans l’assainissement collectif relève de la même « culture ». Il en est de même dans la maintenance des ouvrages. Le parc français des stations d’épuration est l’un des moins bien entretenu en Europe.
Par ailleurs, le système d’information de crise ne fonctionne pas. De nombreux pays vivent des alertes par message TV pour prévenir dans les minutes qui précèdent. La France ne semble pas connaître ce « dispositif d’alerte » ?
Ces catastrophes sont l’expression de la crise d’un système global de pouvoir. Le rapport au temps s’est beaucoup inversé. Hier un gestionnaire rigoureux préparait l’avenir. Aujourd’hui, il s’occupe du présent pour préparer la prochaine élection. Dans ces conditions, les enjeux de générations n’ont plus leur place.
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