La délibération prise hier par la Métro suscite 8 questions concrètes qui conditionnent le quotidien dans l'ensemble de l'agglomération Grenobloise aujourd'hui asphyxiée en raison de voies de circulation non modernisées.
1) Sur la méthode, le Département a-t-il raison de solliciter d'abord les décisions de la Métro et de la Ville de Grenoble ? Réponse : oui. C'est le simple respect d'un principe républicain voulant que les Collectivités de proximité directement concernées s'expriment les premières avant que la collectivité "plus générale" ne le fasse ensuite en totale connaissance de cause.
2) Que décide la délibération de la Métro adoptée le 28 mai ? Réponse : rien.
C'est là tout le problème de la procédure adoptée par le Conseil général. Que fera-t-il si reviennent des "textes de mots sans signification pratique" ? Un exemple : la Métro vote pour "un trafic apaisé sur l'A 480". Qu'est-ce qu'un trafic "apaisé" ? Cette politique des mots éloigne des actes. Elle repousse en permanence les véritables arbitrages à demain.
3) Pourquoi cet immobilisme ? Réponse : par frilosité politique généralisée. La gauche a peur de perdre les écologistes. En 2008, elle a parié sur la naissance du Modem pour vivre une alternative de centre droit lui permettant de s'émanciper des Verts. Seulement, lors des autres consultations, le Modem est descendu en-dessous des 5 % quand les Verts ont progressé près des 20 %. L'avis de décès de l'un ne peut plus compenser l'avis de triomphe de l'autre. Les élus PS de l'agglo courent après le second tour de 2014. Il ne faut plus froisser les Verts qui sont les véritables décideurs dans l'agglo.
Mais, seconde frilosité, les Verts neutralisent des projets mais n'apportent pas des solutions. Au pouvoir depuis 1995, l'agglo de Grenoble n'a effectué aucune avancée significative positive de lutte contre la pollution : il suffit de voir le classement dans Challenge à ce sujet.
Enfin, troisième frilosité, l'opposition dans l'agglo n'existe pas. Là aussi, le journal l'Expansion de cette semaine est révélateur. Dans les 15 politiques qui comptent dans l'agglo, pas un élu de l'opposition ! Certes, le classement donne parfois le sentiment d'avoir été inspiré par de "généreux annonceurs sur fonds publics" dont les publicités accompagnent le classement, mais cette absence est révélatrice : le PS n'a pas d'opposition de droite.
4) Faut-il ouvrir de nouvelles études ? Réponse : non. Depuis 1986, le centre d'expertise des directions départementales de l'équipement a remis toutes les variantes possibles avec tous les chiffres. Ce ne sont pas les études qui manquent mais la volonté politique de décider.
5) Les conséquences pratiques ? Réponse : le gel du développement dans l'agglo. Il n'y a pas un dossier "Rocade Nord". Il y a un dossier "développement de l'agglo" dont la Rocade Nord est l'un des moyens dans le cadre d'un ensemble qui fait un tout cohérent. S'il n'y a pas de rocade nord, c'est le blocage généralisé non seulement des voies de circulation mais de la ligne E du tram comme des principaux projets d'urbanisme.
6) Comment débloquer ? Réponse : la balle est d'abord dans le camp de la majorité grenobloise. L'actuel mandat est mauvais. Il est marqué par de nombreux et graves échecs. Il faut trouver les conditions d'un rebond sinon c'est l'ensemble de la période depuis 1995 qui sera affecté par la "dernière impression". Il faut rebondir, vite et fort pour corriger une réalité et une image qui se dégradent à la vitesse turbo.
7) Pourquoi cette dégradation ? Réponse : la bataille interne de la succession à Grenoble a été ouverte trop tôt. Il y a actuellement une double paralysie : dans la composition des partenariats pour le pouvoir (relations avec les Verts) mais aussi dans le fonctionnement même du bloc PS où les prétendants pour 2014 se neutralisent. L'une des conditions du rebond passe peut-être par la ré-affirmation rapide de la candidature de Michel Destot en 2014 pour changer cette donne interne ?
8) Les conséquences ? Réponse : la place de Grenoble dans la compétition des villes. La réforme de 2014 avec la création des métropoles sera le nouveau marqueur de la réalité des poids locaux. Soit l'agglomération grenobloise sait faire vivre le "sillon alpin" et elle garde un espace pour un développement "autour"d'elle ; soit elle échoue et elle se rangera comme satellite de Lyon. C'est un schéma binaire simple connu depuis le début des années 90 avec les conférences régionales de concertation des villes de Rhône-Alpes. Lorsque j'ai présidé l'Agence d'Urbanisme de la Région Grenobloise, les publications ont été nombreuses sur ce sujet. L'évolution est toujours lente mais il y a un moment où le "vin est tiré". C'est ce moment qui est là désormais pour l'agglomération grenobloise.
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