Denis Bonzy

Le besoin de neuf et la campagne non livrée par l’UMP

La lecture aujourd'hui des quotidiens régionaux permet aux internautes qui fréquentent ce blog de vérifier que l'information donnée hier sur le sondage régional était juste. Ils ont ainsi pu bénéficier d'une information importante 24 heures avant.

Derrière les chiffres, quatre enseignements majeurs se dessinent. De façon complémentaire, M. Bec livre son interprétation sur les tendances du vote du 14 mars.

1) Le vote Europe-écologie est en forme parce que c'est le vote innovant. L'IFOP vient de publier hier une enquête détaillée montrant que le vote Europe-Ecologie est perçu comme "l'innovation nécessaire" mais aussi la reconnaissance qu'une dose d'écologie doit désormais être donnée dans tous les secteurs de vie comme d'économie.

2) Les régionales 2010 s'inscriront pour l'UMP comme la bataille non livrée. Prenons l'exemple de l'Isère, il suffisait de demander à chaque candidat (31) de s'engager à visiter 17 Communes sur une période d'un mois et demi. Toutes les Communes de l'Isère auraient ainsi pu compter sur un temps fort d'explications. Il y a des Communes où l'UMP n'a organisé aucune réunion publique, aucune diffusion de document, aucun tractage sur un marché … C'est du jamais vu qui méritera explication ! Dans le Rhône, Nora Berra a effectué une campagne de terrain remarquable. Dans d'autres départements voisins, il en fut de même. Pourquoi l'Isère a été ainsi démobilisée ? C'est une fédération qui traverse des tensions multiples manifestes. Mais chacun aurait été capable de les dépasser pour reconnaître la réalité et la qualité d'une campagne de terrain.

3) Le Président PS, JJ Queyranne, est l'un des Présidents à plus faible notoriété. Par conséquent, à la différence de Ségolène Royal, Frêche, Rousset … qui cristallisent des votes sur leur personnalité ; Queyranne ne mobilise pas contre mais pas davantage pour. Europe-Ecologie dispose ainsi d'un espace qui pourrait lui valoir près de 9 points de plus en Rhône-Alpes par rapport à la moyenne nationale.

4) Les chiffres constituent une moyenne régionale. Cela signifie que dans certains pôles urbains où Europe-Ecologie peut traditionnellement compter sur une sociologie favorable, le score local pourrait être très élevé. Ce serait une réelle nouvelle donne politique.

 

Régionales 2010 : la vague rose ou la déferlante de l’abstentionnisme. (Christian Bec)

 

Les différents sondages, sur un plan national, promettent une vague rose permettant à la gauche d’être à la tête de la totalité des régions. Ce grand chelem serait construit à partir d’un taux d’abstentionnisme important alors que les électeurs, désorientés, ne se retrouvent plus dans la politique menée par le Chef de l’Etat et qu’ils ne font pas plus confiance à la gauche pour gouverner le pays.

Les sondages laissent entrevoir un record d’abstention pour le cru 2010 des régionales. Près d’un électeur sur deux bouderait les urnes. Ce paradoxe est renforcé par une campagne électorale inexistante où les attaques stériles et ridicules sont plus importantes que les valeurs et les programmes des candidats.

Le NPA ne semble plus être l’unique refuge des déçus de la politique ou de ceux qui rêvent d’une autre société. Les écologistes ne reproduiront probablement pas leurs scores des élections européennes. Ils n’ont plus le monopole du développement durable ni de l’écologie. Les Grenelles de l’environnement ont participé à donner une autre dimension au concept du développement durable. Cette démarche a permis d’articuler les trois leviers du développement durable, environnement, économie et social, dans l’optique de sauvegarder ou créer 600 000 emplois d’ici 2020. Un emploi vert, c’est un emploi qui contribue à la préservation ou au rétablissement de la qualité de l’environnement, que ce soit dans l’industrie, l’agriculture, les services ou l’administration. 450 milliards d’euros seront injectés d’ici 2020 dans le logement, les transports, les énergies renouvelables et l’agriculture. Ainsi les Grenelles de l’environnement programme la rénovation de 400 000 logements par an à partir de 2013 et la construction de 2000 kms de lignes ferroviaires à grande vitesse d’ici 2020.

Dans un tel contexte, qu’adviendra-t-il du front national ? Le spectre de la présidentielle de 2002 reste omniprésent. Marine Le Pen est partie à la conquête du vote populaire qui a permis à Nicolas Sarkozy de l’empoter en 2007. Dans l’isoloir, quel bulletin choisiront ces citoyens angoissés par la menace d’un licenciement et les fins de mois difficiles à boucler. Pas une semaine sans qu’une entreprise n’annonce son intention de fermer un site industriel. Comment réagiront-ils face à l’augmentation de la violence qui prend des formes nouvelles et qui touchent souvent les plus démunis ?

Dans ce contexte difficile, le moral des français subit une baisse constante et significative depuis 2009. Comme le montre un sondage récent, 79 % des français considère que les choses ont tendance à aller plus mal. Parmi eux, les sympathisants de droite sont 66%. Il est difficile, dans ces conditions, de mobiliser et de convaincre les électeurs.

L’UMP craint, à juste titre à mon avis, qu’une partie de l’électorat traditionnel de la droite ne se réfugie dans l’abstention qui pourrait, lors de ce scrutin régional, battre un record. Une victoire aux régionales aura-t-elle beaucoup de conséquences sur le plan national ? Je ne le pense pas. Dans l’hypothèse d’un scrutin national, les intentions de vote seraient différentes. La gauche n’a pas de programme et certains leaders socialistes commencent à défendre l’idée que la victoire aux régionales incomberait aux Présidents de région et à leur gestion. La capacité de Martine Aubry à rassembler et à s’imposer comme présidentiable en 2012 est d’ores et déjà contestée. Pour ma part, je reste persuadé que notre pays a eu une chance extraordinaire d’avoir pu compter sur le talent et l’implication de Nicolas Sarkozy et François Fillon pour faire face à cette crise économique et sociétale sans précèdent.

Mais, ce scrutin intervient à mi mandat présidentiel (alors que la popularité de Nicolas Sarkozy est au plus bas dans les sondages), dans une période de crise économique et sociale ou les Français ont des attentes visant la politique nationale et peu de préoccupation sur le plan régional. La politique de Nicolas Sarkozy ne mérite pas une telle sanction, et souhaitons que son implication dans la campagne dans les jours à venir, et plus particulièrement à travers l’entretien qu’il accordera au Figaro Magazine le week end prochain, puisse infléchir les perspectifs électorales.

Le véritable problème de l’UMP est l’absence de report significatif de voix dans l’hypothèse d’un deuxième tour. Il manque peut être dans notre paysage politique, un vrai centre, qui pourrait au second tour vitaminer l’UMP et lui permettre de gagner.

Les élections ne sont pas faites par les sondages. Comptons sur la mobilisation des électeurs et leur sens des responsabilités.

Christian Bec

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