Denis Bonzy

Régionales 2010 : la campagne sans candidat sur le terrain

Les détracteurs du scrutin de liste ont un plein réservoir d’arguments actuellement en constatant tout simplement le déroulement des régionales 2010 tous partis politiques confondus.


Hier, 300 candidats par formation politique dans les alcôves pour se disputer 30 places au gré des influences, des rapports de forces, des promesses trahies puis reconstruites puis cassées …


Aujourd’hui, aucun candidat sur le terrain pour rencontrer … les citoyens.


Trop de candidats dans l’ombre, pas assez de candidats dans la lumière des contacts au coin de la rue, sur le terrain de la vie quotidienne.


Dans des actes de cette vie quotidienne, iriez-vous voir un film dont vous ne connaitriez pas le thème ni les acteurs ? Non. Acheteriez-vous un livre dont vous ne connaitriez pas le contenu ni l’auteur ? Non.


Mais là, sans connaître le contenu des projets ni les candidats, il faut voter.


Dans de telles circonstances, le vote devient superficiel car chacun se raccroche à des arguments sommaires, à des idées toutes faites, à des reproches qu’il faut purger.


C’est une démocratie bien malade qui accepte un tel dysfonctionnement. Une démocratie qui donne toujours des leçons mais au regard d’une « splendeur passée » car le présent est bien triste : démobilisation des électeurs, appauvrissement du profil des candidats, campagnes sans le moindre débat public contradictoire, programmes en forme de jeux de mistigri (c’est pas moi c’est l’autre) …


Jusqu’où ? Jusqu’à quand ?


Les régionales 2010 marquent encore une progression dans la décrédibilisation des acteurs politiques.


Les citoyens s’habituent. Leurs exigences diminuent. Il est souvent question de la « haine de la France ». Pourquoi ? A partir de quand ce climat s’est développé ?


Un groupe de travail d’universitaires régionaux a planché sur ce thème l’an dernier. ils m’avaient fait le plaisir et l’honneur de me convier aux réunions de réflexion. L’un d’entre eux a fixé cette rupture dans la « fierté d’appartenance » à la période de la seconde guerre mondiale : le pays qui s’abandonne, qui manoeuvre, cette résistance qui est le fruit d’une terrible minorité avant d’être revendiquée, par temps de paix bien sûr, comme la « grande réaction collective » de la « première heure ». C’est la gueule de bois dont la fierté nationale ne se remettra pas.


Ce qui est sûr, c’est que l’actuel débat public est devenu d’une pauvreté laborieuse battant des records. Pas de quoi rendre le moral ni une quelconque fierté d’appartenance partisane ou patriote.


A quand un candidat ou une candidate qui a la foi nécessaire pour mouiller la chemise ?


Quand je parle avec un responsable républicain de la campagne de Scott Brown à Boston, je suis stupéfait par cette volonté de « manger du terrain », d’aller au-devant des contacts.


Ici, on consomme de l’indemnité et pas de la semelle de chaussure, de l’appel téléphonique avec la « capitale » et pas de la peau de main ; bref, la politique coupée de la vie et des citoyens. C’est une véritable campagne sans candidat sur le terrain car sur la feuille de départ ils furent si nombreux … 


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