Des différences majeures séparent toujours un site Internet d'un candidat à une élection Américaine du site Internet d'un candidat à une élection Française. Les régionales permettent d'effectuer un point actualisé (voir ci-dessous un commentaire très détaillé de M. C. Bec sur le thème "politique et Internet").
Aux Etats Unis, le site Internet ne remplace pas le parcours " initiatique " du candidat sur le terrain. Bien au contraire, il en démultiplie la proximité. Le site Internet devient la vitrine intimiste de tous les déplacements du candidat sur le terrain. Il est le "compagnon en live" de la rencontre avec le candidat au coin de la rue.
Cette logique est encore peu présente en France.
La seconde différence majeure réside dans le fait qu'en France le site Internet est finalement peu présent sur la présentation personnelle intime familiale historique du candidat.
Ce créneau est désormais très occupé en France par la presse hebdomadaire d'opinion pour les leaders nationaux. En France, Internet reste dans l'optique des informations classiques sauf que le candidat dispose ainsi de sa "propre équipe de rédaction", parfois même les sites restent figés dans une logique de simple vitrine des articles parus dans des supports classsiques. Globalement, il n'y a pas encore fondamentalement une nouvelle écriture visuelle, une nouvelle approche éditoriale.
Aux Etats Unis, la campagne est celle de la famille toute entière qui est mise à contribution de façon très offensive.
Actuellement, les sites Internet dans les régionales n'ont pas encore trouvé un style propre.
Deux initiatives créatives méritent pourtant un intérêt privilégié.
La présentation du bilan de Michel Vauzelle en Paca est très bien réussie : site de Michel Vauzelle .
De même la carte du PS sur les problèmes UMP répond à une présentation graphique simple mais efficace : la carte des problèmes UMP .
Un commentaire : politique et Internet par M. Christian Bec
J’ai pour ma part mis un certain temps à réaliser l’enjeu et le pouvoir d’Internet dans le monde de la communication et plus spécifiquement en politique.
Le taux de pénétration d’Internet se rapproche de celui de la télévision, et de ce fait devient un moyen de communication incontournable et efficace.
Si les forums de discussions existent depuis quelques années, ce n’est que récemment que les politiciens s’approprient véritablement l’outil. Ce nouvel espace exige du talent, de la rigueur et de l’expérience utile à une bonne et juste utilisation. Il en fut de même lors de l’arrivée des premiers débats politiques à la télévision. A l’époque, les politiciens novices qui ne regardaient pas la caméra comme François Mitterrand en 1976 en ont payé le prix.
Aujourd’hui on peut établir un parallèle avec Internet, tous se plient au jeu, certains mieux que d’autres. Je rejoins entièrement l’analyse de Denis Bonzy sur la qualité de la campagne de Barack Obama. L’exemple le plus flagrant de l’utilité d’Internet dans la vie politique a été prouvé par sa campagne électorale. Il a ainsi réussi à récolter plus de 150 millions de dollars grâce aux réseaux sociaux.
La campagne d’Obama reste une référence en matière de communication Pour les partis politiques, l’influence de cet outil est à prendre en compte dans la stratégie de communication durant une campagne électorale mais également tout au long d’un mandat pour communiquer sur l’avancement des propositions et débattre avec les militants et plus largement les citoyens.
Internet : un progrès pour la démocratie ou peut être une démocratie électronique ?
La « Toile » oblige les gouvernements et les politiques à plus de transparence. Elle propose un nouvel espace pour le débat public et facilite l’accès à l’information. Toutefois, nous devons rester conscients et intégrer que la consultation des sites politiques reste marginale.
En France, moins de 1 % des électeurs ont consulté Internet dans le cadre des dernières élections présidentielles contre 10 à 12 % aux Etats-Unis. Au niveau de l’UMP et de la constitution des listes des régionales, le parti aurait préservé sa légitimité et sa transparence en invitant les adhérents à voter en ligne pour le choix de leurs candidats.
La démocratie, c’est le partage des idées et convictions mais également l’avis des militants sur des choix qui engagent les finances publiques et le quotidien des citoyens. Chaque candidat potentiel aurait pu alors communiquer sur son projet et la qualité de son investissement à venir. L’adhésion en ligne ou la communication sur un programme ne sont pas l’unique finalité d’Internet. La stratégie Web n'est en réalité que le reflet de la ligne et des choix politiques en matière de transparence. Ce qu’il faut garder à l’esprit, c’est qu’Internet n’oublie rien, on retrouve tout sur la toile, des premières interventions ou promesses aux plus récentes. Internet peut-il venir en aide à la crise de représentativité que vivent actuellement les formations politiques ?
Les plus grands partis du pays, l’UMP et le Parti socialiste comptent chacun moins de 200 000 adhérents. Doit-on considérer cette situation comme une désaffection à l’égard de la politique ? J’analyse davantage ces chiffres comme un désaveu sur la gestion et l’image des grands partis. Je prends par exemple la mobilisation provoquée par le référendum sur la constitution européenne qui a favorisé un vaste débat en France. Beaucoup d’experts soulignent le rôle tenu par Internet dans le taux de participation et l’issue du scrutin. Ils précisent notamment que le Web a servi aux opposants de la constitution européenne, et plus largement à tous ceux qui se sentaient éloignés des plateaux de télévision ou des grands médias traditionnels. Internet correspond aux nouvelles formes de militantisme prenant en compte l’évolution d’une société de plus en plus individualiste.
L’engagement devient plus ponctuel et moins contractualisé. Il s’éloigne d’une adhésion à un projet commun et global tout en proposant une façon différente de s’impliquer dans la vie publique. Internet influence t-il le choix des électeurs ? Je ne possède pas d’informations sur le sujet et le recul est peut être insuffisant pour mettre en avant ce phénomène. Je n’identifie pas de raison particulière pour que son influence soit supérieure à celle des autres médias.
Chaque citoyen navigue sur les sites qui l’intéressent et peut interpréter les textes en fonction de sa sensibilité. Les effets produits sont donc multiples, incontrôlables et parfois contradictoires. L’avantage par rapport à un support plus classique repose dans la possibilité de poster un commentaire et susciter le débat. Cet outil peut devenir un levier pour séduire la jeune génération et la conduire progressivement à s’investir dans la politique. Internet est jeune et l’ensemble des potentialités en matière de communication politique n'ont pas encore été exploitées.
L’interactivité entre le public et les politiques peut faciliter les échanges et le débat et permettre à chacun de se faire une idée sur un programme ou un candidat. Si Internet est un outil pour contacter et séduire des électeurs potentiels, c’est aussi un moyen efficace d’en perdre. Régulièrement, les “gaffes” de nos politiques se retrouvent sur la toile. Il s’agit dans la plupart des cas de situations extraites d’un contexte ayant pour seul objectif de décrédibiliser ou affaiblir une personnalité. Tant et si bien que les politiques finissent par apprécier Internet autant qu’il s’en méfient Internet est devenu une véritable arme pour qui sait le manier. Mais attention de ne pas se blesser en manipulant ce nouvel outil.
Christian Bec
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