Denis Bonzy

Vincent Peillon pose une question de fond dans des mauvaises conditions

Dans de nombreux cas, il importe de dissocier la forme et le fond. Concernant l'émission de France 2 sur Eric Besson, le leader socialiste a adopté deux méthodes qui posent problèmes :

– la dissimulation cachant sa véritable intention,

– la demande de démission à l'endroit d'une journaliste qui montre la culture d'intervention des politiques même dans la nouvelle génération.

En revanche, sur le fond, la question posée est importante : les médias du service public font-ils l'opinion sur des bases de nature à servir la politique gouvernementale ?

Il y a actuellement trois éléments qui méritent une attention prioritaire :

l'instrumentalisation des sondages. Sur les régionales, il est caricatural de constater la prolifération de sondages qui se limitent au premier tour à l'exemple cette semaine du sondage publié dans Valeurs Actuelles sur l'Ile de France. Techniquement, il est inconcevable de lancer une enquête sans chercher à connaître le gagnant. Cette question a dû être posée mais elle n'est pas publiée. Pourquoi ? Parce qu'elle gênerait le commentaire sur le thème de "l'UMP en tête" ?

– la disparition des débats de fond. Quand actuellement Lionel Jospin intervient, sa dialectique change des actuels discours. Il cherche à donner des explications internationales. Il y a une culture et une vision derrière ses commentaires qu'il est possible de partager ou pas. Il est loin de l'appauvrissement actuel qui passe par des invectives de plus en plus grossières ou des arguments qui ne tiennent pas la reflexion à l'exemple du porte-parole de l'UMP expliquant les chutes du nombre d'adhérents par … les décès.

– la présomption de complicité des médias. La France est structurellement dans un régime malsain que droite et gauche n'ont pas réformé. La presse quotidienne nationale est tenue par des actionnaires liés à des marchés d'Etat. La presse régionale a installé des partages de territoires reposant sur des monopoles. Il est difficile de faire pire dans les deux cas. Sur cette base déjà imparfaite s'ajoutent des liaisons personnelles assumées désormais de façon quasi-ostentatoire. Dans ces circonstances, la question posée par Vincent Peillon est légitime. Pourquoi donc une émission en temps électoral sur "le sujet" du Gouvernement et non pas sur des "sujets" de l'opinion : pouvoir d'achat, relance, emploi ..?. Autre exemple : la guerre cachée de l'Afghanistan. Lorsque Jacques Chirac a professionnalisé l'armée, il prenait un risque considérable : que l'opinion délègue la défense à des professionnels et s'en désintéresse. C'est ce à quoi on assiste actuellement en France. La France est en guerre mais l'opinion ne se pose pas les questions du prix, de la durée. Elle accepte à peine de regarder le coût humain. Aux Etats-Unis, en GB, au Canada …les télés font des reportages fréquents. Sur la BBC, l'émission des "reporters de l'extrême" a été remarquable sur le thème d'une semaine sur le terrain. Dans les premières minutes, le reporter pose une question à une mère : "quel est votre rêve aujourd'hui ?" et la mère répond "voir mon fils arriver dans la cuisine, ouvrir le frigo, le dévaliser et aller s'asseoir sur le canapé devant la télé !". Son fils est mort quelques jours auparavant … Avec de tels témoignages, la guerre prend un autre visage.

Il est à souhaiter que les mauvaises conditions de forme ne détournent pas de la question de fond.

Régionales – Isère

Nous avons reçu un commentaire de Franc-Tireur qui, sous ce pseudo, est un internaute exigeant, souvent critique y compris à notre encontre (sauf ce jour et nous sommes sensibles à son commentaire sur ce point) mais qui pose à chaque reprise (y compris pour nos billets) des questions de fond. C'est le cas aujourd'hui. Il nous a adressé le commentaire ci-dessous au sujet du billet d'hier :

"Quand bien même ce constat serait vrai (je ne suis pas en capacité de le savoir), en quoi est il différent de l'équipe précédente ? N'y avait il pas déjà deux camps opposés pratiquant l'ostracisme ? N'y avait il pas déjà une spirale de la défaite ? J'en tire comme conclusion, que seules l'union et la réconciliation nous mèneront peut être à la victoire. Mais quels sont les gages de l'opposition interne ? La dénonciation est elle une forme d'encouragement ? Personnellement, ayant des amitiés de part et d'autre et connaissant des talents de chaque côté, je suis attristé du gâchis en cours. N'est ce pas l'intérêt général qui devrait dicter le comportement de nos représentants ? FT.

 PS : J'en profite pour souhaiter la bonne année à notre hôte dont j'apprécie la richesse et la diversité des billets sur son blog"

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